L’ex-ministre gabonais des Eaux et Forêts, Lee White, proche de l’ancien président Ali Bongo, est suspecté de s’être ‘’évadé’’ du Gabon malgré une assignation à résidence. Les raisons avancées pour sa sortie du pays varient entre des problèmes de santé ayant induit la clémence des autorités et un possible lobbying du Commonwealth. Les détails de la situation, allant de ses relations diplomatiques à son style de vie spartiate, soulèvent des questions sur ses véritables intentions et si son départ est définitif.
Très proche du président déchu Ali Bongo Ondimba, l’ancien ministre gabonais des Eaux et Forêts, Lee White, est sorti du Gabon («s’est évadé du pays», disent certains) en fin de semaine dernière. Vraisemblablement le samedi 7 octobre, à en croire des sources des Eaux et Forêts. Accusé de «complicité d’exploitation illégale de bois», de «détournement de fonds», d’octroi de permis forestiers démesurés et sans appel d’offres, il était pourtant assigné à résidence, depuis le 4 octobre dernier, de même que trois de ses collaborateurs pour besoins d’enquête.
Raisons de santé et lobbying du Commonwealth
De nombreux informateurs, confirmés par des sources dignes de foi du palais du bord de mer, indiquent qu’il a bénéficié de l’«onction» des nouvelles autorités du pays. Il aurait en effet demandé de se rendre à l’étranger pour des raisons de santé et devrait revenir au Gabon, au risque d’être confronté à la justice internationale. «Il a soutenu souffrir de problèmes de l’appareil circulatoire, plus précisément des vaisseaux sanguins et aurait des écoulements de sang», indique une source du ministère gabonais des Affaires étrangères.
Du côté de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) où il a été directeur avant d’accéder à la fonction ministérielle, on indique que le scientifique britannique, devenu gabonais par naturalisation, a fait jouer le lobbying du Commonwealth pour bénéficier de sa sortie du pays. On pense, à l’ANPN, que si Lee White a évoqué des problèmes de santé pour pouvoir bénéficier de la compassion des autorités et quitter le pays, «cela seul n’aurait pas suffit pour le libérer».
A ce qu’il semble en effet, l’ex-ministre des Eaux et Forêts aurait fait intercéder la secrétaire générale du Club des Gentlemen. Patricia Scotland, la secrétaire générale du Commonwealth, «a joint Régis Onanga Ndiaye, le ministre des Affaires étrangères, qui a dû s’en remettre à la présidence de la Transition», informe une source haut placée du département gouvernemental concerné. Pour «des raisons humanitaires, donc de santé, le palais a accepté qu’il aille se faire soigner à condition qu’il revienne au Gabon après cela», poursuit le même haut fonctionnaire de la centrale diplomatique gabonaise. Dans le cas contraire, «un mandat d’arrêt international pourrait émis à son sujet».
Style de vie austère : l’homme s’y prépare depuis toujours
Toutes choses qui pourraient expliquer sa sortie, sans aucune pression ni répression, par le Salon VIP de l’aéroport international Léon Mba de Libreville où un quidam l’a photographié. Si la piste d’un lobbying du Commonwealth est confirmée par les sources de la présidence de la République, des rumeurs persistantes font état de ce que Lee White se serait fait la malle en réalité. Certains estiment qu’il aurait claqué plus d’un million d’euros, soit plus de 655 millions de francs CFA, pour huiler et corrompre la chaine lui ayant permis de s’«évader du Gabon».
Les tenants de cette hypothèse et nombreux de ceux qui connaissent Lee White soutiennent qu’ils n’en sont pas étonnés et qu’il y a bien longtemps que l’homme se préparait à quitter le Gabon en cas de danger pour lui. «Sa maison est d’un confort spartiate avec très peu de meubles. Il n’a même pas de voiture achetée par ses soins», assure une bonne source de l’ANPN. Mieux, il n’aurait pour bien au Gabon qu’un compte bancaire «qu’il siphonne régulièrement avec diverses cartes bancaires prépayées». L’épouse et les enfants de l’ex-ministre ne vivent même pas au Gabon depuis bien des années. Évoquant ces éléments, tous estiment que «le proche d’Ali Bongo est parti pour ne plus revenir au pays». Chiche !