Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Politique
Article
Politique

Parlement de transition : Gare au mariage de la carpe et du lapin
Publié le jeudi 5 octobre 2023  |  Gabon Review
Brice
© Gabon Review par DR
Brice Clotaire Oligui Nguéma, président de la transition
Comment


Au-delà de leurs identités, les personnes retenues seront un indicateur de la détermination du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) à remplir ses objectifs.

C’est l’un des moments les plus attendus par l’opinion. À plus ou moins brève échéance, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) doit livrer la composition du Parlement. Au-delà de leurs identités, les personnes retenues seront un indicateur de sa détermination à remplir ses objectifs : «la refondation de l’Etat afin de bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un Etat de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable», la mise en œuvre de «réformes majeures sur les plans politique, économique, culturel, administratif et électoral», «le renforcement de l’indépendance de la justice et la lutte contre l’impunité», «la protection des droits de l’homme et des libertés publiques», «l’instauration d’une culture de bonne gouvernance et de citoyenneté responsable», «l’élaboration d’une nouvelle Constitution» et, «l’organisation des élections locales et nationales libres, démocratiques et transparentes».

Responsabilité dans les outrances du passé

Sans indexer quiconque ou gratter les plaies, il faut revenir sur le contexte. Le mandat échu a été marqué par des temps forts : révisions constitutionnelles en janvier 2018, janvier 2021 et avril 2023 ; accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo en octobre 2018 ; montée en puissance puis déchéance de l’Association des jeunes émergements volontaires (Ajev) ; prise en otage de l’appareil d’Etat par une «Young team» cornaquée par Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin et ; organisation d’une concertation politique dans un climat surchauffé. À chacune de ces étapes, des personnalités se sont distinguées, parfois au péril de leurs carrières ou de leurs droits. Pêle-mêle, on peut citer Jean-Christophe Owono-Nguéma, Jean-Robert Goulongana, Albertine Maganga Moussavou, les membres du collectif Appel à agir, Paulette Ayo Akolly, Marcel Djabioh, Marc-Louis Ropivia… Dans le même temps, d’autres ont brillé par leur couardise. Parmi eux, on peut compter les parlementaires de la majorité, les membres des différents gouvernements, les juges constitutionnels et même les magistrats de la Cour de cassation.

S’il s’est soldé par le putsch du 30 août dernier, le processus électoral a, malgré tout, offert à certaines personnalités l’opportunité de se singulariser, dans un sens comme dans un autre. Ainsi Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Mike Jocktane, Thérence Gnembou Moutsona, François Ndong Obiang, Pierre-Claver Manganga-Moussavou n’avaient pas hésité à claquer la porte de ce raout. À l’inverse, Séraphin Akouré-Davain, Louis-Gaston Mayila, Laurent Angué Mezui, Richard Moulomba Mombo, Serge Maurice Mabiala et Henri Mbia Nzé avaient fait le choix d’y rester, avalisant le retour au scrutin à tour unique, à moins de six mois de la présidentielle. Même s’ils s’en défendront toujours, ils ont une part de responsabilité dans les outrances du passé, celles-ci ayant conduit l’armée à sortir des casernes.

Au service de l’intérêt général

Il faut une bonne dose de mauvaise foi pour ne pas voir dans la concertation de février 2023 une manifestation de cette «gouvernance imprévisible, irresponsable» dénoncée par le CTRI. Il faut se refuser à toute analyse froide pour ne pas établir un lien de causalité entre cette rencontre et ces «élections générales (aux) résultats tronqués». Et pour cause : ni les «conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif» ni la paix ne peuvent être garantis quand certains rusent avec les principes. Encore moins quand les organisateurs d’un forum le détournent délibérément de son objectif initial. Quand une telle éventualité advient, il est conseillé de se retirer. Ne pas le faire revient à cautionner les résultats, quitte à devoir en assumer les conséquences, un jour ou l’autre. Vu sous cet angle, artisans et opposants aux révisions constitutionnelles, tentants et adversaires de la thèse d’un Ali Bongo en «phase de recouvrement de la plénitude de ses capacités physiques et cognitives», bénéficiaires et détracteurs de l’usurpation de pouvoir, participants et contempteurs de la Concertation politique ne peuvent être logés à la même enseigne. Encore moins nourrir les mêmes rêves pour le Gabon.

Organe législatif, le Parlement de la Transition devra se pencher sur de nombreux textes. Il devra travailler avec célérité et rigueur, dans le respect des standards internationaux. D’où la nécessité d’y envoyer des personnalités ayant fait montre de leur attachement aux normes et principes universellement reconnus. D’où aussi l’obligation de tenir compte de la disponibilité des impétrants, de leurs compétences techniques, de leur sens du devoir et de leur engagement au service de l’intérêt général. Pour ces raisons, le CTRI doit revisiter l’histoire avant de procéder à la sélection des membres. Il doit aussi évaluer les rôles des uns et des autres, soupeser leurs apports, en identifier les conséquences et en mesurer la portée. Autrement, il pourrait ouvrir la voie au mariage de la carpe et du lapin, avec le risque d’accoucher d’une assemblée nationale et d’un sénat impotents.

Commentaires


Comment