Porté disparu depuis le 25 août dernier, Gaël Koumba Ayouné, dit «le Général des Mapanes», reste introuvable à ce jour. Son Conseil, Pie Makanga, au nom de sa famille biologique, a porté à la connaissance de la communauté nationale et internationale, le 18 septembre, «le cri de cœur et d’alarme d’une famille meurtrie, suite à l’arrestation de leur fils par des individus non identifiés et détenu arbitrairement dans un endroit inconnu à ce jour».
La situation de Gaël Koumba Ayouné, porté disparu depuis le 25 août dernier, reste toujours confuse. Son avocat, Me Pie Makanga, a fait une déclaration, le 18 septembre, interpellant, au nom de la famille de son client, sur le cas de ce leader d’opinion, plus connu sous le pseudonyme du «Général des Mapanes». Ils sollicitent «au plus haut point, la plus haute attention, des nouvelles autorités de la transition», notamment celle du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. La famille souhaite qu’il «se pencher sur cette affaire rocambolesque», et donne «des instructions fermes, afin d’éclairer la famille sur le lieu de détention de notre fils afin de rentrer en contact avec ce dernier dans les meilleurs délais».
Me Pie Makanga raconte, dans sa déclaration, que «le vendredi 25 août 2023, aux environs de 17 heures 30 minutes au quartier Plein-ciel, précisément au niveau de l’école publique de Belle-Vue III, contre toute attente, alors que monsieur Gaël Koumba Ayoune était debout au bord de la route, en train de communiquer avec sa maman qui revenait de son lieu de travail, deux (2) personnes inconnues du quartier se sont ruées, par surprise sur lui, lui passant les mains à l’arrière de son dos et l’exigeant ainsi de monter à bord d’une berline noire, non immatriculée qui était stationnée sur le bas-côté de la route».
«Scène brutale et inique»
L’avocat ajoute que «sa maman, comme certaines personnes présentes, qui vivaient également cette scène brutale et inique avec impuissance, avaient constaté qu’une cagoule lui avait été portée à la tête au moment du démarrage spectaculaire du véhicule qui avait servi à son interpellation». Et de préciser que «deux autres véhicules pick-up blancs, double-cabines non immatriculés, de marque Toyota qui étaient garés séparément comme en planque, accompagnaient la berline noire, et s’étaient subitement rapprochés d’elle à son démarrage, formant ainsi un cortège, roulant à vive allure en direction la voie expresse».
Depuis lors, le Conseil et la famille font savoir qu’ils ont systématiquement entrepris «de se rendre auprès de l’ensemble des unités d’investigation des Forces de défense et de sécurité pour non seulement signaler ce qui venait de se produire à Plein-cCel, mais surtout vérifier si notre fils avait été conduit dans l’une de ces unités».
À ce jour, ni son avocat, son médecin, encore moins sa famille biologique n’ont été informés des raisons de son interpellation. Cependant, Me Makanga indique que le lundi 28 août 2023 à 20 heures, c’est en regardant la principale édition d’information de Gabon Première qu’«ils ont, au même titre que l’ensemble de la communauté nationale et internationale, aperçu dans un reportage, leur fils accompagné d’autres compatriotes présentés par la presse comme de vulgaires bandits soupçonnés de vouloir orchestrer des actes de vandalisme, de violence et de semer le chaos dans notre pays dès la proclamation des résultats des élections générales du 26 aout 2023».
«Violation de toutes les dispositions légales»
Ce reportage précisait, souligne-t-il, que «ces derniers avaient été appréhendés par les services dits «judiciaires de la place» sans en préciser lequel». «Ce qui, à notre sens, atteste aisément que notre fils se trouve entre les mains des unités ou des autorités de police judiciaire qui le retiennent à ce jour arbitrairement, et ce, en violation de toutes les dispositions légales, notamment le droit commun et la Charte de la transition», a-t-il fait remarquer, expliquant que le Code de procédure pénale prévoit que la durée de la garde à vue est de 48 heures, renouvelable une fois.
«Et même s’il était accusé des faits de terrorisme, indique l’avocat, l’article 56 de la Charte de la Transition, quant à lui, prévoit la durée de la garde à vue en République gabonaise à cent soixante-huit heures, délai au-delà duquel une décision d’un magistrat de l’ordre judiciaire est requise».
S’ils font savoir que dans le cas d’espèce, leur fils n’est pas accusé d’actes terroristes ou d’atteinte à la sureté de l’État, la famille s’inquiète des rumeurs alarmantes reçues via les réseaux sociaux indiquant que leur fils, interpelé en bonne santé, en présence des membres de sa famille, serait décédé de suite d’une crise d’asthme. Sauf qu’il n’y a aucune information à propos.
Indiquant avoir saisi le ministre de la Justice, Garde des Sceaux et le procureur de la République le 15 septembre 2023, ces saisines sont restées sans suite jusqu’à ce jour. Ce qui les amène à se retourner auprès du Chef de l’exécutif, pour le solliciter afin qu’il les aide à faire la lumière sur cette affaire. «Ce, dans le but d’apaiser les craintes de sa famille tout entière, en particulier son père et sa mère».