La secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland KC vient d’effectuer une mission d’enquête de trois jours au Gabon, suite au coup d’État militaire du 30 août dernier. Durant son séjour, elle a rencontré tour à tour le président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, des membres de la société civile, des partis politiques, des hauts-commissaires du Commonwealth et des diplomates pour comprendre leur évaluation de la situation politique actuelle dans le pays. Elle a également rencontré le président déchu Ali Bongo à sa résidence de Libreville le 7 septembre dernier.
« Il est important d’écouter tout le monde pour avoir une évaluation équilibrée de la situation avant de préparer mon rapport qui sera partagé avec les pays membres du Commonwealth », a déclaré Patricia Scotland KC. Durant son séjour, l’envoyée spéciale du Commonwealth a notamment fait comprendre aux parties prenantes les risques que le Gabon encourt en cas de non-retour à l’ordre constitutionnel d’ici 24 mois.
« Elle a dit qu’en matière de coup d’État au niveau du Commonwealth, c’est maximum deux ans. On comprend par-là que si le Gabon souhaite toujours demeurer membre du Commonwealth, il faudra que le Gabon s’engage sur une transition maximale de 2 ans. Au-delà, ils vont prendre des décisions : exclure le Gabon du Commonwealth ou prendre d’autres mesures, qu’elle nous a édictées, de façon échelonnée », a déclaré Geoffroy Foumboula Libeka, porte-parole du Copil Citoyen, plateforme de la société civile gabonaise œuvrant pour l’Etat de droit et la justice.
Le Gabon a en effet deux ans pour se conformer à la Déclaration d’Harare du Commonwealth qui engage les membres à avoir un régime civil, faute de quoi ils s’exposent à une expulsion. Le président de la transition a promis « remettre le pouvoir aux civils » à la fin de la transition, sans toutefois en préciser la durée. Son Premier ministre, Raymond Ndong Sima, a quant à lui évoqué une transition de 24 mois, affirmant que cette période pourrait être « légèrement supérieure ou inférieure ».
Le Gabon a rejoint le Commonwealth en juin 2022, sous l’impulsion de l’ancien président Ali Bongo Ondimba. Cette organisation intergouvernementale, composée de 54 pays membres ayant l’anglais comme langue de partage, n’a pas condamné le coup d’État dans le pays, mais a plutôt dénoncé « une prise de pouvoir illégale » au Gabon. « La Charte du Commonwealth stipule clairement que les Etats membres doivent respecter l’État de droit et les principes de la démocratie à tout moment et le secrétariat du Commonwealth suivra de près la situation », déclarait Patricia Scotland KC dans un communiqué le 30 août, peu après le putsch.