Au Gabon, depuis sa déchéance, le président Ali Bongo n’a reçu aucun soutien de ceux qui récemment encore lui juraient fidélité, loyauté et pariaient sur sa victoire au soir du 26 août. Parmi eux, René Ndémezo’o Obiang qui salue la démarche des militaires.
Etait-il conscient que le Gabon allait à vau-l’eau depuis les soucis de santé du président Ali Bongo ? Dans le pays, depuis la déchéance de ce président bien affaibli par un AVC en 2018, ses proches reconnaissent à demi-mot son échec et son incapacité à diriger le pays. Après la diatribe de Christiane Bitougat qui se réjouissait par ailleurs de la prise du pouvoir par l’armée, René Ndemzo’o Obiang qui salue, lui aussi, la démarche du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Pendant que les Gabonais se plaignaient des mauvaises conditions de vie, que l’opposition dénonçait la mal gouvernance et doutait de la capacité d’Ali Bongo à diriger le pays, il se remettait au service d’Ali Bongo après un bref passage dans l’opposition.
Bradant son parti politique au bénéfice de la formation politique au pouvoir, il appelait d’autres acteurs politiques à faire comme lui. Son appel reçu d’ailleurs un écho favorable. Pour lui comme pour les autres, Ali Bongo était le seul capable d’apporter des réponses aux préoccupations des Gabonais. Le chef de l’État déchu l’appelait d’ailleurs au gouvernement pour s’occuper de la vie chère. Alors que son action n’a pas été ressentie sur le terrain, il se défend aujourd’hui en assurant «je n’ai eu que six mois de gouvernement mais je pense que j’ai essayé de mener un certain nombre d’actions». Le plus important, dit-il désormais, c’est que «les militaires, pour assainir la situation, ont décidé de remettre les pendules à l’heure».
Appels du pied au CTRI ?
Ayant décidé d’abandonner Jean Ping pour retourner au Parti démocratique gabonais (PDG), celui qui affirmait pourtant qu’Ali Bongo malgré les stigmates bien visibles de son AVC était l’homme de la situation au Gabon, semble se repentir et mieux comprendre les problèmes des Gabonais. Ces problèmes, a-t-il énuméré au micro de Gabonactu, concernent la santé, les routes, la nourriture, la vie chère, l’eau et l’électricité. Des problèmes, dit-il, très importants auxquels il faut s’attaquer. D’où son soutien à la démarche des militaires. «Il n’y a pas de bon coup d’état ou de mauvais coup d’état. Ce qui est important, c’est que les actes posés aillent dans le sens de l’intérêt des populations et je pense que l’acte posé par les militaires va dans le sens de l’intérêt des populations», a-t-il déclaré.
«Nous voyons toutes ces manifestations populaires à travers le pays qui montrent que cette opération menée par les militaires répond parfaitement aux aspirations de notre pays parce que les gens souffrent», a-t-il affirmé. S’il assure qu’il reste au PDG, il a désormais du mal à dire s’il est fier d’appartenir à ce parti qui pourrait jouer sa dernière carte lors des élections organisées par le CTRI, mais qui pourrait tout aussi mourir avec la déchéance d’Ali Bongo. PDGiste sous Omar Bongo, il avait, au soir du premier mandat d’Ali Bongo, claqué la porte du parti au pouvoir en 2015 avant son come-back en 2021. Taxé de «caméléon, dribbleur», d’aucuns le soupçonnent de faire des appels du pied au CTRI.