Depuis 2020, Akim Mohamed Daouda préside aux destinées du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS). Et depuis son arrivée à la tête de cette structure, aujourd’hui au cœur de l’économie gabonaise, la valeur du Fonds souverain de la République gabonaise (FSRG) dont le FGIS est le gestionnaire exclusif, est passée de 202 à 343 milliards de FCFA entre 2020 et 2022, soit une hausse de 141 milliards en valeur relative et 70% en valeur absolue. En plus, le FGIS est aujourd’hui à la tête de neuf filiales : la Façade maritime du Champ Triomphal (FMCT), la Société commerciale gabonaise de réassurance (SCG-Ré), Luxury Green Resorts (LGR), la Société de garantie du Gabon (SGG), la Gabon Power Company (GPC), Okoume Capital, l’Office pharmaceutique (OPN), Handling Partner Gabon et la Société d’électricité, de téléphone et d’eau du Gabon (Seteg). Pour présenter le bilan du FGIS au cours de ces trois dernières années, Akim Mohamed Daouda a rencontré la presse le 10 aout dernier. Voici quelques extraits de l’échange avec les médias.
Le FGIS est une structure qui est aujourd’hui au cœur de l’économie gabonaise et gère plusieurs entreprises au Gabon. Qui est FGIS ?
En 2012, le Fonds des générations futures a été réorganisé en Fonds souverain de la République gabonaise (FSRG) avec la création du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) comme gestionnaire exclusif de ce fonds logé dans les livres de la Banque centrale. En observant la période comprise entre 1998 et 2012, on a réalisé que les fonds logés dans ces comptes sont rémunérés à des taux inférieurs à l’inflation. Ce qui veut dire que plutôt que de créer de la valeur pour les générations futures on en détruisait. Et c’est pour cela qu’en 2012 nous avons décidé de créer le FGIS en lui donnant comme premier mandat de garantir l’épargne intergénérationnelle, donc continuer à constituer une épargne pour la génération future. Et le deuxième mandat est de contribuer à la diversification de l’économie. Nous sommes passés d’une période où on était passif avec de l’argent logé dans un compte rémunéré à des taux inférieurs à l’inflation, à une période où on réfléchit sur comment investir cet argent pour créer de la valeur pour la génération future, tout en répondant aux enjeux et aux défis de diversification de notre économie.
Le FGIS a un caractère industriel et commercial avec une autonomie de gestion administrative et financière. Nous sommes soumis au contrôle de la Cour des comptes. Et cette dernière a déjà effectué deux contrôles au sein du FGIS.
Sur les trois filiales du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) désignées par le Gabon pour être cotées à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), seule la SCG Ré a déjà fait son entrée en bourse. Qu’en est-il des deux autres sociétés que sont la Gabon Power Company (GPC) et la Façade maritime du champ triomphal (FMCT) ?
En janvier 2023, on a eu un très grand succès lors de l’entrée en bourse de la SCG Ré qui était la société la plus mature. C’est la première société du portefeuille, elle a été créée en 2012. Donc, elle était vraiment prête et c’est la raison pour laquelle on a vraiment pu avancer sur celle-là. Comme vous le voyez aujourd’hui, les deux sociétés de projets FMCT et GPC sont encore en développement et il faut qu’on s’assure qu’on maximisera la valeur lors de l’entrée en bourse. Et ça dépendra du niveau d’avancement et de maturité des projets portés par ces sociétés quand elles iront en bourse. De manière plus concrète, GPC aura peut-être plus de valeur en allant en bourse dans deux ans, une fois que le barrage de Kinguélé Aval sera opérationnel et qu’il générera des revenus. Les engagements seront suivis, mais, pas au détriment de la valeur de ces sociétés. C’est juste une question de temporalité et de timing.
Comment se finance et se développe le FGIS ?
Sur la valeur des actifs au 31 décembre 2022, on était à 343 milliards de FCFA de la valeur du portefeuille du Fonds souverain. Depuis 2020, on a eu à restructurer notre texte, notamment revoir notre mode d’alimentation. Donc, effectivement on reçoit la provision pour investissements diversifiés et de la provision pour investissements dans les hydrocarbures (PID/PIH) depuis cette année au titre de l’année dernière. La PID/PIH c’est 7 milliards de FCFA en moyenne par an. Mais, n’oublions pas que la PID/PIH varie en fonction des fluctuations du prix du baril du pétrole. De l’autre côté, on a environ 13 milliards de FCFA de revenus de dividendes sur nos sociétés, mais qu’on a aussi commencé à toucher en 2022. Mais, ça ne suffit pas. C’est pour ça qu’en 2020, FMCT a eu à lever 20 milliards de FCFA pour qu’on puisse accélérer le projet de la Baie des rois. C’est aussi pour ça qu’on travaille aujourd’hui sur un emprunt obligataire de 65 milliards de FCFA pour continuer le financement de nos différents projets.
Depuis 2022, le gouvernement a désigné le FGIS comme mandataire exclusif chargé de la commercialisation des crédits carbone appartenant au Gabon. Où en êtes-vous avec la monétisation des crédits carbones du pays ?
On a eu le privilège de recevoir le mandat pour la commercialisation des crédits carbone gabonais. Et certainement, nos crédits carbone suscitent beaucoup d’intérêts sur la scène internationale. Cependant, force est de constater qu’aujourd’hui, les méthodologies de valorisation des crédits carbone sur les marchés internationaux ne sont pas favorables aux crédits carbone qui proviennent de la conservation. En fait, le marché des crédits carbone a été fait pour les mauvais élèves. Il a été fait pour accompagner les pays qui ont impacté de manière négative leur environnement, qui ont déforesté. Or aujourd’hui, le Gabon est un bon élève. 88% de notre territoire est couvert par la forêt. Donc, les discussions que nous avons à l’international, portées par le chef de l’État lui-même, puis soutenues par le ministre de l’Environnement, c’est vraiment d’attirer l’attention des gouvernements et des multinationales sur la nécessité de développer une méthodologie pour les pays qui ont conservé l’environnement.
Le Gabon, sur l’exercice 2010-2018, a pu certifier 90 millions de tonnes de crédits carbone. Mais, chaque année, on séquestre 105 millions de tonnes de crédits carbone de par notre couvert forestier. La séquestration globale est de 140 millions et nos émissions sont de 35 millions. Ce qui fait qu’on a une séquestration nette annuelle de 105 millions de tonnes. Pour vous donner un ordre de grandeur, 105 millions de tonnes c’est 1/3 des émissions françaises, ¼ des émissions de la Grande-Bretagne qui sont séquestrées par la forêt gabonaise. On est actuellement sur cette phase d’étude de développement de méthodologies qui nous permettront de monétiser ces crédits carbone.