C’est assurément le serpent qui se mord la queue. Si les adjuvants de Me Justin Taty ont obtenu la destitution de bureau de l’Ordre des avocats, cette décision l’a finalement enfoncé. D’ailleurs, le refus d’Erlyne Antonella Ndembet Damas de mettre sur pied, un intérimaire, condamne le cacique du barreau du Gabon à purger sa suspension entièrement.
En avril dernier, le Conseil d’État actait la destitution de Me Raymond Obame Sima comme bâtonnier de l’ordre des avocats. Depuis, le membre du gouvernement, Erlyne Antonella Ndembet Damas, censé constater la vacance au bâtonnat n’a toujours pas jugé utile de déclencher ce processus. Conséquence, la victime de ce statu quo est Me Justin Taty qui militait pour la scission de l’ordre des avocats.
Me Justin Taty pris dans l’étau
C’est en tout cas le schéma qui semble se dessiner. Et pour cause, les allégations faites par ce pilier du barreau du Gabon sur la nullité des décisions de l’ordre s’avèrent infondées. Pourtant, il avait pris soin de saisir le Conseil d’Etat au travers de deux recours le 7 avril 2023. L’expérimenté aurait ourdi ce plan de communication dans le but de maintenir la confiance de sa clientèle.
Seulement, Me Justin Taty n’ignore pas que « seul un Conseil de l’Ordre régulièrement élu peut être partie assignée à l’audience. Ni un ancien membre du Conseil de l’Ordre déchu ne peut être assigné individuellement. Ni même un bâtonnier intérimaire », aurait précisé un avocat à notre confrère Echos du Nord.
Antonella Ndembet à l’origine de ses malheurs ?
La ministre de la Justice, Garde des Sceaux, qui semble faire la sourde oreille ne s’imaginait pas que cette attitude condamnerait Me Justin Taty. En effet, sans bureau légalement élu, il est impossible pour le Conseil d’État de donner suite à la requête en annulation de la suspension provisoire. Et ce, au nom du principe du contradictoire.
À défaut d’un sursaut d’Erlyne Antonella Ndembet Damas, taxée de paralyser le fonctionnement de la Justice, l’expérimenté avocat serait contraint de purger sa peine jusqu’en septembre prochain. Car, « tant que le barreau du Gabon sera dépourvu d’instances ordinales, les procédures initiées par Me Taty ne pourront pas être examinées et sa suspension sera maintenue » précisent des avocats inscrits au barreau du Gabon. Pour l’heure, rien ne va dans ce sens.
Si au lendemain des élections générales du 26 août 2023, des contentieux surviennent, Me Justin Taty ne pourra plaider ni devant les tribunaux administratifs, pour ce qui est des contestations nées des locales, encore moins devant la Cour constitutionnelle pour celles issus des législatives ou de la présidentielle.