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Présidentielle 2023 : Le PDG face au casse-tête Ali Bongo
Publié le vendredi 30 juin 2023  |  Gabon Review
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© Présidence par DR
Conseil des ministres du jeudi 1er septembre 2022 présidé par S.E. Ali Bongo Ondimba
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S’il a récemment affirmé être «en bonne santé», le candidat putatif du Parti démocratique gabonais (PDG) pourrait devenir une difficulté pour les siens. Pour éviter un contentieux pré-électoral, ses soutiens doivent avoir le courage de l’interroger sur son état réel.

Elle n’est pas encore officielle, mais sa recevabilité suscite déjà la controverse. À quelques mois de la présidentielle, la candidature d’Ali Bongo déchaîne les passions. S’il a lui-même récemment affirmé être «en bonne santé», nombre de Gabonais doutent de ses capacités physiques et cognitives, comme en témoignent les parodies diffusées sur les réseaux sociaux. Si certains ne se prononcent pas par pudeur ou peur de devoir en répondre, d’autres n’hésitent plus à étaler leur incrédulité, quitte à recourir à un humour douteux. Pendant ce temps, le Parti démocratique gabonais (PDG) feint de ne rien voir et de ne rien entendre. Visiblement gêné aux entournures, il se mure dans un silence assourdissant. Comme tétanisés à la seule évocation de cette question, ses cadres préfèrent s’affairer à autre chose, faisant comme si tout était déjà consommé.

Se soumettre à une expertise médicale

Pourtant, la loi spéciale sur l’élection du président de la République le prescrit : tout dossier de candidature doit comporter «un certificat médical datant de moins de trois mois établi par une commission médicale (dédiée)». Autrement dit, Ali Bongo devra se soumettre à une expertise médicale. Conformément au protocole des présidentielles antérieures, il devra passer un examen somatique complet, c’est-à-dire un électrocardiogramme, un électroencéphalogramme, une radiographie pulmonaire et un bilan biologique comportant un hémogramme, le dosage des lipides, du cholestérol et des triglycérides, une glycémie, une azotémie, une leucémie et des sérologies syphilitiques et rétrovirales. Candidat en 2009 et 2016, il s’était plié à cette exigence, s’autorisant même à médiatiser son passage. Pourra-t-il s’y soustraire ou le faire en catimini sans légitimer la suspicion ? Loin de tout voyeurisme, nul ne peut l’affirmer.

S’il rechigne à jouer le jeu ou s’il fait montre de moins d’enthousiasme cette fois-ci, Ali Bongo deviendra un casse-tête, une difficulté supplémentaire pour le PDG. Dans cette hypothèse, il contribuera à l’élargissement du fossé entre gouvernants et gouvernés. Par ricochet, il entraînera les institutions, y compris l’Ordre des médecins, dans les abysses du discrédit. Après tout, pendant près de deux ans, le collectif Appel à Agir a multiplié les démarches aux fins de faire la lumière sur l’état de santé du président de la République. Ni le gouvernement ni le Parlement ni la Cour constitutionnelle n’entendirent ses prétentions. Encore moins la justice. Bien au contraire. Tordant le cou à toutes les procédures, la Cour de cassation rejeta sa demande, s’autorisant même un curieux bras de fer avec la Cour d’appel. Comme on peut le subodorer, l’attitude du candidat putatif du PDG sera analysée à l’aune de ces événements de fraîche date.

La religion de l’opinion est faite

Certes, le PDG feint l’assurance, étalant des certitudes aux confins de l’arrogance. Certes, l’Ordre des médecins n’est pas directement concerné. Certes, le Centre gabonais des élections (CGE) et la Cour constitutionnelle peuvent toujours arguer de leur incompétence sur les questions médicales. Mais tout ceci ne pourra jamais convaincre de leur sincérité voire de leur honnêteté intellectuelle. Sur le fondement des images d’un Ali Bongo vacillant sur perron de l’Élysée, se déplaçant avec peine à Londres et de son lapsus sur ses «cinq années d’absence», la religion de l’opinion est faite. «Un chef ne doit pas faire pitié. Beaucoup d’entre nous le pensent : vous n’avez plus les capacités physiques pour diriger notre pays», lui écrivait, en octobre 2022, l’auteur de polars Janis Otsiemi.

Lors des deux dernières présidentielles, la validation de la candidature d’Ali Bongo fut précédée d’un contentieux pré-électoral. En 2009 et davantage en 2016, l’authenticité de son acte de naissance fut mise en doute, donnant lieu à un déballage peu honorant. Mairie du 3ème arrondissement de Libreville, mairie centrale de Brazzaville, Centre d’archives de Nantes et même paroisse Saint Jérôme d’Akiéni, toutes ces entités émirent des documents sans parvenir à faire baisser la tension. Cette fois-ci, le débat pourrait ne pas avoir une portée administrative mais personnelle. Pour ne pas en arriver là, le PDG doit faire montre de courage. En interne et sans langue de bois, ses dirigeants doivent interroger leur champion sur son état réel. Même s’ils ne l’admettront jamais, ils ont jusque-là fait l’impasse de cette discussion. A quelques encablures de la date fatidique, peuvent-ils avancer ainsi ? Sauf s’ils ne redoutent pas de compromettre les institutions ou de parasiter la campagne par une querelle oiseuse, ils feraient mieux de se poser la question.
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