Ecossais d’origine, naturalisé gabonais de longue date, Lee White fait, depuis sa nomination en juin 2019 comme ministre de l’Environnement, l’objet d’attaques racistes récurrentes de la part de l’opposition qui agit le plus souvent à visage couvert à travers ses relais médiatiques ou sur les réseaux sociaux. A l’approche des élections, ces attaques tendent à se multiplier comme l’illustre un article paru le 8 juin dernier sur le site d’information Gabon Review.
Toujours très prompts à porter de belles valeurs en bandoulière, comme la lutte contre le racisme et la xénophobie à l’occasion par exemple de l’affaire Dina, l’opposition gabonaise et ses relais habituels n’hésitent pas à fouler au pied ces mêmes valeurs dès lors qu’il s’agit de combattre un adversaire politique. A fortiori à quelques semaines désormais des élections.
En témoigne l’article publié sur le site d’information Gabon Review le 8 juin dernier aux relents xénophobes, pour ne pas dire racistes, visant le ministre gabonais de l’Environnement, Lee White, né en 1966 à Manchester (nord de l’Angleterre), ayant vécu toute son enfance et son adolescence en Afrique (Ouganda, Sierra Leone, Nigeria…), arrivé au Gabon en 1989 et naturalisé gabonais depuis.
Cris d’Orfraie
« Un membre du gouvernement gabonais peut(-il) décemment se présenter à la présidence de la République, en pleine fête de l’Indépendance, en tenue traditionnelle écossaise. Ou s’il a le droit de s’exhiber ainsi à la face du monde ? », fait mine de s’interroger l’auteur (anonyme) de cet article pompeusement intitulé « Dégagisme et xénophobie ambiants : Pouvoir discrétionnaire et dérives. »
« Que n’aurait-on pas entendu si de tels propos émanaient d’un représentant de la majorité et visaient un membre de l’opposition. Que de cris d’Orfraie aurait-on probablement poussé ! », fait observer un membre du gouvernement qui souligne qu’« en matière de valeurs, en particulier de lutte contre la xénophobie et le racisme, il ne peut y avoir deux poids deux mesures. »
Tribune déguisée ?
Même tonalité du côté de la société civile. « Manifestement, pour certains, il y aurait des bons et de mauvais étrangers. Et cela dépendrait de leurs opinions politiques. Ce n’est pas tolérable », s’indigne un activiste qui a fait de la lutte anti-raciste le combat de sa vie et qui n’a jamais caché ses affinités avec l’opposition.
Cet article est-il une tribune déguisée, rédigée par une personnalité de l’opposition, comme le pensent certains journalistes de la place ? Ou est-il véritablement le fait de la rédaction de Gabon Review. Il y a là une ambiguïté dans laquelle le lecteur risque d’être maintenu. Car, comme le rappelait le Cardinal de Retz, de l’ambiguïté, « on n’en sort toujours qu’à son détriment. »