Entretien avec Agatha Verdebout, chargée de recherche au GRIP et auteure de l'étude « Ventes d’armes russes en Afrique : les effets contrariés des sanctions occidentales ».
RFI : Comment expliquer la place prise par la Russie dans la vente d’armes en Afrique ?
Agatha Verdebout : Il y a eu de nouveau une ouverture vers l'étranger avec l'arrivée de Vladimir Poutine et cette volonté finalement de restaurer la Russie à sa place de puissance mondiale. Et ça, ça passait notamment pour Vladimir Poutine par le fait de relancer les exportations d'armes. Et le marché africain est un marché qui était assez ouvert parce que c'est un marché qui n’est pas fort investigué ou utilisé par les Européens. Aussi parce que les Européens sont tenus à des règles plus strictes a priori que la Russie en matière de respect des droits humains dans les pays où ils vendent des armes, etc. La Russie est un peu moins contrainte de ce point de vue-là.
Vous parlez des ventes d'armes comme d'un élément pivot de la stratégie de Moscou.
Oui, et une des tactiques utilisées par la Russie quand elle a recommencé à se projeter sur le marché africain des armements, ça a été d'offrir d'autres bénéfices en échange ; c'est-à-dire qu'il n’y a pas eu juste des ventes d'armes. Il y a eu la relance justement de la coopération économique et culturelle. Il y a eu beaucoup d’effacements de dettes. Du coup, Vladimir Poutine a effacé des dettes souveraines qui dataient de l'époque soviétique pour justement favoriser ou inciter les pays du continent africain à acheter russe plutôt que qu'américain ou français, par exemple.... suite de l'article sur RFI