Consécutivement à son adhésion au Réseau de la Banque et de la Finance Durable (Sustainable Banking and Finance Network, SBFN) de la Banque Mondiale, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a exprimé sa volonté de promouvoir l’émission d’obligations vertes sur le marché financier de la zone Cemac.
« Les émissions des obligations vertes peuvent être explorées pour la dynamisation la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (Bvmac), qui malgré son potentiel indéniable, demeure peu attractive comparativement aux autres marchés financiers régionaux africains » s’est exprimé Abbas Mahamat Tolli (photo), le gouverneur de la Beac, à l’occasion d’un forum international dédiée au financement durable qui s’est tenu du 8 au 9 mai dernier à Douala.
Le Tchadien a annoncé l’intention de son institution de promouvoir l’émergence de cette catégorie d’actifs financiers dédiées au financement des projets de lutte contre le réchauffement climatique et de soutien à la transition énergétique. L’enjeu en vaut la chandelle car, soutient-il, la sous-région subit de plein fouet les effets du changement climatique, bien qu’étant de faibles émetteurs de gaz à effet de serre. « En effet, la déforestation, la sécheresse, la surexploitation et la variabilité hydro-climatologique mettent en péril les écosystèmes forestiers et les moyens de subsistance des populations avoisinantes. Selon les estimations, le Bassin du Congo aurait perdu environ 3,1 millions d’hectares de forêts au cours des cinq dernières années. Quant au lac Tchad, sa superficie est passée de 25 000 km2 à 1500 km2 en l’espace de 50 ans, soit une réduction de près de 90 % ».
Généralement moins rémunérés que les obligations classiques en raison de leur impact environnemental, les obligations vertes ou Green bonds ciblent les projets de développement durable dans divers secteurs. Cette catégorie d’actifs ne fait cependant pas encore l’objet d’un encadrement juridique par la Cosumaf, le régulateur du marché financier de la sous-région. « La Beac entend privilégier une démarche progressive qui lui permettrait de capitaliser sur les expériences des pays bien avancés dans ce domaine pour avoir une meilleure compréhension préalable des risques sous-jacents aux actifs verts, et promouvoir l’émergence d’instruments et de produits financiers verts dans la Cemac » a déclaré le gouverneur.
Au-delà des aspects liés à la protection de l’environnement, l’entrée en scène des obligations vertes devrait permettre de diversifier davantage l’offre en produits financiers dans la Cemac. En plus des actions et des obligations classiques, le règlement du marché financier, adopté en juillet 2022, intègre désormais les actifs numériques, les obligations islamiques, et une gamme variée de produits d’investissements collectifs.