Le Gabon gagne 11 précieuses places dans le nouveau classement mondial de la liberté de la presse 2023 publié ce mercredi 3 mai 2023. L’Etat gabonais se positionne à la 94e place sur 180 pays, après une place de 105e en 2022, rapporte Reporters sans frontières (RSF).
Le contexte politique gabonais, qui se définit par la culture d’une presse libre et indépendante, peine à s’établir, y compris en ligne. L’influence du régime s’exerce à tous les niveaux et contribue à l’autocensure. Le secteur audiovisuel est dominé par les médias d’État, et la presse en ligne est noyautée par des médias créés par des proches du palais présidentiel qui sont utilisés contre ceux qui ne s’alignent pas sur le régime. La Haute autorité de la communication (HAC), organe de régulation des médias, manque cruellement d’indépendance. Sur ses 9 membres, 7 sont nommés par le pouvoir, dénote RSF.
Du côté sécuritaire, selon les appuis de l’organisation, les journalistes gabonais continuent de faire l’objet d’intimidations, notamment au travers de convocations par des services de sécurité. Les arrestations arbitraires sont rares, à l’exception notable de Bertin Ngoua Edou, interpellé et détenu quatre jours en 2020 après un article relatant une affaire de corruption présumée. En revanche, les suspensions arbitraires de médias se sont multipliées ces dernières années, à l’instar du journal en ligne 7jours infos, suspendu pour un mois en janvier 2022 après un article remettant en cause la capacité du président à gérer le pays. Une politique répressive qui a valu à la HAC le sobriquet de “hache”. Enfin, les journalistes indépendants se voient écartés des manifestations officielles et l’accès aux sources est généralement difficile pour eux.
Une analyse qui porte à croire qu’au Gabon, l’avènement d’une presse libre et indépendante reste un chantier inachevé, notamment en raison des sanctions zélées de l’organe de régulation, qui ont toutefois diminué.