Le phénomène de criminalité liée à la drogue du violeur prend de l’ampleur au Gabon. Elle frappe de plein fouet la jeunesse gabonaise, causant aux victimes des traumatismes physiques et psychologiques aussi importants qu’irréversibles. Face au danger, la vigilance reste la meilleure arme. D’où la nécessité, selon les spécialistes, d’une grande campagne de sensibilisation.
Au Gabon, le GHB ou gamma-hydroxybutyrate, plus connue sous le nom de drogue du violeur, est appelé « burundanga » ou « scopolamine ». C’est une substance inodore et insipide qui peut être facilement dissoute dans des boissons ou des aliments. Les effets de la drogue sont puissants et peuvent durer jusqu’à 24 heures. Les victimes perdent leur lucidité et leur capacité à résister, devenant ainsi vulnérables aux agressions sexuelles.
« C’est un dépresseur du système nerveux : à forte dose, ce psychotrope a un effet sédatif qui ralentit le système nerveux et peut provoquer des comas. Lorsqu’il est consommé avec d’autres drogues ou de l’alcool, il peut être extrêmement dangereux », alerte un médecin du CHU de Libreville.
Dans la capitale gabonaise, cette substance est de plus en plus utilisée à des fins malveillantes. Selon les rapports de police qui se multiplient à ce sujet, les agresseurs utilisent souvent cette drogue dans les bars et les boîtes de nuit, visant principalement les femmes seules ou les groupes de femmes. La drogue est également utilisée pour voler des biens de valeur ou pour extorquer de l’argent aux victimes. « On constate de mois en mois une augmentation exponentielle du nombre de victimes. C’est très inquiétant », alerte un officier de police judiciaire.
Depuis 2021, le gouvernement gabonais a pris des mesures renforcées pour lutter contre la criminalité liée au genre. Des unités spécialisées de prise en charge des violences faites aux femmes ont ainsi vu le jour dans les commissariats. C’est le cas à Akanda où le couple présidentiel, s’est rendu cette semaine (lire notre article).
Nécessité d’une grande campagne de sensibilisation pour alerter
« Les victimes d’agressions au GHB sont principalement des femmes. Comme pour les autres plaintes d’agressions sexuelles, la culpabilité des victimes ou la honte tout simplement fait obstacle au dépôt de plainte. Il y a aussi la crainte de ne pas être crue, d’être jugée pour sa consommation d’alcool ou encore la difficulté à prouver la présence du GHB dans l’organisme, et la crainte des victimes d’être mal accueilli dans les commissariats contribuent à l’immobilité de la prise en charge de ce phénomène », explique un officier supérieur de police qui travaille avec plusieurs unités spécialisées contre les violences basées (VBG).
Selon lui, mieux vaut prévenir que guérir, et face à ce danger, la vigilance reste la meilleure arme. D’où la nécessité, pour les spécialistes, d’une grande campagne de sensibilisation sur les dangers de cette drogue. Sans cela, la période des grandes vacances qui approchent, moment où les bars et boites de nuit sont particulièrement fréquentés, pourrait être tragique.