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L’«offre politique de rupture» de Divungui Di Ndinge : Panafricanisme ? Plutôt souverainisme…
Publié le jeudi 20 avril 2023  |  Gabon Review
Didjob
© Autre presse par DR
Didjob Divungi Di Ndinge ancien Vice-Président de la République, de feu Omar Bongo Ondimba
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Avec des accents d’Abdoulaye Maïga, Faustin Archange Touadera ou Ibrahim Traoré, l’ancien vice-président de la République a indiqué vouloir tout remettre à plat. Mais, est-ce vraiment pertinent ?

Didjob Divungui Di Ndinge, apôtre du panafricanisme ou chantre du souverainisme ? De l’avis général, sa dernière sortie publique fait écho au nouveau positionnement de trois pays : le Mali, la République Centrafricaine et, dans une certaine mesure, le Burkina Faso. Ouvrant les travaux du 6ème congrès ordinaire de l’Alliance démocratique et républicaine (Adere), l’ancien vice-président de la République s’est prononcé pour une «offre politique de rupture». En plaidant pour une «stratégie diplomatique (qui fasse) coïncider notre souveraineté politique avec nos partenariats et nos accords politiques», il ne s’est pas seulement adressé aux siens. Il a envoyé un message de portée géopolitique, indiquant vouloir tout remettre à plat : migrations internationales, gestion des ressources naturelles, alliances militaires, usage de la langue française, adhésion aux valeurs véhiculées par la Francophonie…

Diatribes anti-impérialistes

L’ambition de l’ancien vice-président de la République est claire : concevoir une «réponse structurelle et pérenne aux échecs passés ou actuels (…) au contexte socio-économique national ainsi qu’aux enjeux et défis géostratégiques mondiaux contemporains». On croirait entendre un Abdoulaye Maïga proclamant son «engagement panafricain» pour mieux énoncer les piliers de la politique étrangère du Mali : respect de sa souveraineté, respect de ses choix stratégiques et, prise en compte des intérêts vitaux de son peuple. On pourrait y déceler des accents de Faustin Archange Touadera, présentant son pays comme la «victime des visées géostratégiques liées à ses ressources naturelles» tout se disant déterminé à construire des «solutions innovantes pour transformer (le potentiel de la Centrafrique) en véritables richesses en vue de répondre aux aspirations légitimes de (…) (ses) populations». On pourrait même faire un rapprochement avec un Ibrahim Traoré, appelant à «changer le système de gouvernance» sur fond de diatribes anti-impérialistes.

En appelant à «réarticuler l’architecture institutionnelle afin que l’exercice du pouvoir soit dédié à la satisfaction des besoins du peuple et au service de la libération nationale et africaine», le président de l’Adere a fait coup double. D’une part, il s’est attaqué aux institutions, les accusant de défendre des intérêts partisans et privés tout en obéissant à la volonté de puissances étrangères. D’autre part, il a indiqué vouloir les réorienter pour en élargir la vision à l’ensemble du continent. Ce faisant, Didjob Divungui Di Ndinge a établi une relation de cause à effet entre la mal-gouvernance et l’influence supposée de la France, abattant ensuite la carte panafricaniste. Assimi Goïta, Faustin Archange Touadera et Ibrahim Traoré n’auraient pas prétendu autre chose. Mais, est-ce vraiment pertinent ?

Construire des CER viables

Combattre la Françafrique suppose s’attaquer à sa cause principale : le mécanisme de coopération mis en place au lendemain des indépendances. Cela revient aussi à s’intéresser aux sous-causes : relations économiques, alliances diplomatiques et stratégiques. Pour ce faire, il faut agir dans la transparence. Dans l’accès aux marchés publics, comme dans la gestion des ressources naturelles, la loi ou les exigences de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (IETI) doivent être appliquées avec rigueur. De même, l’intégration sous-régionale doit devenir une préoccupation de premier ordre. Sans délai, les directives de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) doivent être transcrites en droit national puis appliquées. Au lieu de se satisfaire d’envolées lyriques, il faut construire des communautés économiques régionales (CER) viables. A cet effet, la situation géographique ne doit plus être suffisante pour justifier une adhésion. Il faut maintenant privilégier le projet et les critères de convergence politiques, économiques, sociaux ou environnementaux. Il faut surtout définir des mécanismes de financement puis se mettre à jour de ses cotisations.

L’ancien vice-président de la République a plaidé pour une «offre politique de rupture». A l’évidence, il semble séduit par la démarche empruntée par le Mali, la Centrafrique ou le Burkina Faso. Mais, ces pays semblent en proie à un rejet de la démocratie sur fond de poussée souverainiste. On le voit à travers les changements brutaux de régimes ou les manipulations constitutionnelles. On le relève dans les attaques dirigées contre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Or, si la Cedeao n’est pas exempte de tout reproche, on doit lui reconnaitre le mérite de l’initiative, contrairement à l’impotente Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Le panafricanisme, antidote de la Françafrique ? On peut y souscrire. Encore faut-il ne pas confondre souverainisme et panafricanisme, posture tactique et positionnement idéologique. Encore faut-il aller au-delà des vagues références historiques pour s’inscrire dans une dynamique d’intégration. A la lumière d’expériences réussies ailleurs, il faut repenser le projet panafricaniste pour, enfin, donner du contenu aux CER.
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