L’ancien député du parti présidentiel PDG, condamné à six ans de prison en 2016 et libéré en septembre 2022, a annoncé la semaine dernière sa candidature à l’élection présidentielle au Gabon qui devrait se tenir fin août-début septembre. C’est lui que Jean Ping, qui a semble-t-il renoncé à se représenter, a choisi d’adouber.
« J’ai décidé de me présenter », a déclaré le 5 avril dernier sur RFI Bertrand Zibi Abeghe.
L’ex-député PDG du Woleu-Ntem dans le nord du pays, qui a rejoint l’opposition en 2016, n’a ni parti, ni appareil politique, mais il croit en sa bonne étoile.
Rappelant que l’élection présidentielle se disputera à un tour, il appelle d’ailleurs les autres opposants à se ranger derrière lui. « Tout le monde devrait naturellement se ranger derrière moi, car nous avons un état d’esprit de pardon », tonne-t-il.
Si Bertrand Zibi Abeghe, condamné en 2016 à six ans de prison pour détention d’armes à feu et qui a été libéré en septembre 2022, affiche une aussi grande confiance en lui, c’est, indiquent plusieurs sources dignes de foi, parce qu’il est certain de pouvoir compter sur le soutien de Jean Ping.
A 81 ans, le leader de la CNR, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016, dont les apparitions publiques se font de plus en plus rares, aurait décidé de ne pas se représenter. « A défaut d’être en mesure d’être Roi, Jean (Ping) se pose en faiseur de Roi », confirme un membre de son entourage. Est-ce pour raison de santé que M. Ping, que l’on dit « fatigué », ne retentera pas sa chance cette année ? L’homme ne répondra pas.
Cet autre proche de M. Ping confirme le choix de Bertrand Zibi Abeghe mais explique qu’il s’agit d’un choix par défaut. « Personne aujourd’hui dans l’opposition ne trouve véritablement grâce aux yeux de Jean (Ping). Il estime ne pas avoir d’héritier naturel. Comme on fait classiquement en pareilles circonstances, il a procédé par élimination », révèle-t-il.
Guy Nzouba-Ndama ? « Il estime qu’il ne pourra se présenter en raison de ses ennuis judiciaires » (l’ex-président de l’Assemblée nationale ayant été arrêté à la frontière de retour du Congo avec 1,18 millions de FCFA en liquide, NDLR) ; Paulette Missambo ? « Il la juge trop effacée et pas à la hauteur. » Alexandre Barro Chambrier ? « Il n’a pas la capacité de rassembler car sa personnalité est trop clivante. »
C’est ainsi que Ping a arrêté son choix sur Bertrand Zibi Abeghe. Fraîchement sorti de prison, l’ex-député PDG s’était rendu quelques jours plus tard chez l’ex-chef de file de l’opposition en 2016. Depuis, Bertrand Zibi Abeghe a voyagé, fait une tournée à l’étranger (en France, aux Etats-Unis, etc.). Mais les deux hommes sont convenus de se revoir « rapidement » à Libreville, aussitôt Bertrand Zibi Abeghe rentré au Gabon. Celui-ci en est convaincu, il réussira là où tous les autres opposants ont échoué : pousser Ping à sortir de sa réserve afin qu’il lui apporte son soutien et lui ouvre son carnet d’adresse à l’étranger.
Mais si cette hypothèse venait à être confirmée, elle risquerait d’ajouter un peu plus à la confusion au sein d’une opposition où les ambitions et les égos ne manquent pas et où nombreux sont ceux, quoi qu’ils en disent, à ne pas vouloir cette fois-ci laisser passer leur chance.