C’est une séquence d’une rare intensité émotionnelle. Ce dimanche 2 avril, à l’occasion du 55ème anniversaire du Parti démocratique gabonais, le président, les yeux humides, a fait, pour la première fois, le récit de l’AVC qu’il a subi fin octobre 2018 à Ryad. Comme pour exorciser un passé désormais révolu. « C’est un signe de Dieu. Seuls 10 % des gens qui subissent pareil accident en réchappent », a rappelé Ali Bongo Ondimba. Désormais plus rien ne s’oppose à sa marche vers sa réélection.
Ce dimanche 1er avril, dans un Palais des sports de Libreville plein à craquer, après en avoir terminé avec son discours, Ali Bongo Ondimba est resté au pupitre. Il a posé ses lunettes. Et pendant quelques secondes, il a parcouru de son regard la foule. Esquissant un sourire. Comme pour savourer ce moment. Lui le survivant.
Et puis, il s’est livré. Livré comme jamais sur les circonstances de l’AVC qu’il a subi à Ryad en octobre 2018. Jamais jusqu’à présent, il ne l’avait fait. « Je le dois aux militants du PDG et aux Gabonais. Ils doivent savoir la vérité », a insisté auprès de ses proches, au début réticents, le chef de l’Etat.
« Je me retrouvais seul à table parce que les autres étaient descendus et là j’ai été victime d’un accident », a expliqué le chef de l’Etat qui a demandé qu’on appelle un médecin. « Dès qu’il est arrivé, je ne me souviens plus de rien jusqu’à mon dernier jour en Arabie Saoudite et c’est la vérité », a-t-il témoigné. « Je me souviens seulement du dernier jour où je suis allé un peu me promener dans l’hôpital pour me détendre et après nous sommes partis pour le Maroc », a-t-il précisé, ajoutant que « Le roi (Mohammed VI) a tout fait pour moi » et exprimant sa « profonde gratitude envers le souverain chérifien ».
C’est alors que le président Ali Bongo Ondimba livre un détail surprenant. « Petit à petit, le français est revenu et a re-dépassé l’anglais jusqu’au moment où je suis rentré définitivement. J’ai encore quelques souvenirs comme le premier message à Noël que je vous ai fait, qui n’avait que quelques lignes », a-t-il déclaré, disant surtout avoir gardé en mémoire l’accueil des Gabonais à son retour du Maroc. « C’était extraordinaire, il y avait un monde fou ! Ça m’a fait un bien fou. Vous ne pouvez pas vous rendre compte du bien que ça a pu faire. Enfin je rentrai, les Gabonais qui m’attendaient », a-t-il raconté, ému jusqu’aux larmes.
Ali Bongo Ondimba qui a remercié les femmes gabonaises, et tout particulièrement la sienne, la première dame Sylvia Bongo Ondimba, sans laquelle il n’aurait pu surmonter pareille épreuve, a longuement insisté sur le soutien moral du peuple gabonais à son endroit. «Avec un peuple comme celui-là, on se sent fort. Il n’y a pas de raison de douter. », a-t-il affirmé.
Mais aussi avec l’aide de Dieu. Car, le président en ai convaincu, sans le soutien du Tout Puissant, il ne serait aujourd’hui plus de ce monde. « La maladie que j’ai eu, vous savez je suis chanceux, il y a à peine 10 % des gens qui revivent après cela et aucun chef d’Etat ne figure parmi eux ». Pour lui c’est un signe : le Divin veut qu’il survive pour rester au contact des populations et faire ce qu’il peut. « Parce que j’aurai pu très bien dire : bon c’est terminé, je m’en vais récupérer en douce. Mais, non ! non ! Ce n’était pas possible, pas comme ça. Dieu a voulu que nous restions et que nous restons ensemble et que je continue à porter la voix du Gabon partout, partout. », a-t-il martelé. « Je suis entièrement au service du pays car Dieu m’a donné une leçon : sois au service de ton pays », a insisté le président avant d’égrainer les responsabilités qui attendent cette année le Gabon sur la scène internationale comme la CEEAC que le pays préside ou le Conseil de sécurité de l’ONU où le Gabon siège jusqu’à la fin de l’année. «Nous les méritons et nous allons tout faire pour que personne ne les regrette et surtout pas les Gabonais. ».
Ali Bongo Ondimba n’est pas encore officiellement candidat à sa réélection en août ou septembre prochain, date probable de la prochaine élection présidentielle. Mais ce dimanche, une chose est sûre, le président s’en est un peu plus rapproché. « Et maintenant, nous irons encore plus loin, plus loin, plus loin et nous allons le faire tous ensemble, car le pays a besoin de nous. Est-ce que nous sommes prêts à nous battre pour le pays ?», a déclaré Ali Bongo Ondimba qui se sent désormais plus fort et ai convaincu de l’appui de ses compatriotes. Pour preuve, l’accueil que lui ont réservé les Gabonais à chacune des étapes de sa tournée républicaine en province. « Cet accueil me touche beaucoup et je sais que ça va être ça dans toutes les provinces du pays », a-t-il lancé devant la foule des militants aussi émue que lui.
« Je vous remercie pour l’amour que vous me donnez », a-t-il conclu au terme de dix minutes d’une grande intensité et d’une rare émotion. Ce dimanche, Ali Bongo Ondimba a peut-être fait son premier discours de campagne.