Au Gabon, le parti au pouvoir a célébré son 55e anniversaire ce 2 avril. Occasion pour son président, Ali Bongo, qui depuis son AVC n’a été vu que lisant des discours officiels, de s’exprimer à cœur ouvert devant des milliers de personnes fussent-elles de sa formation politique ou pas. Dans sa démarche, il a évoqué pour la première fois cet AVC. En larmes, il a remercié le peuple gabonais pour son soutien mais a semblé voir en sa rémission un signe de Dieu pour rester au pouvoir. «Dieu m’a donné une leçon : sois au service de ton pays», a déclaré Ali Bongo qui, à quelques mois de la présidentielle, a par ailleurs donné des consignes à ses camarades », tant, le scrutin sera cette année à un tour. Sera-t-il candidat ? L’homme a pleuré et a dit vouloir aller encore plus loin.
Le Parti démocratique gabonais (PDG) totalise cette année 55 ans au pouvoir et en est fier. Lors de la célébration de son anniversaire ce 2 avril, son président Ali Bongo a d’ailleurs estimé que c’est le seul parti capable de changer la vie des Gabonais. «Si après 55 ans notre parti est toujours là et qu’il est vigoureux, c’est parce que sa colonne vertébrale est droite. Une droiture qu’elle doit à ses valeurs : ouverture, dialogue, tolérance et paix», a-t-il déclaré assurant que ces valeurs ont notamment conduit à l’organisation de la récente concertation politique qu’il qualifie de succès.
Propos évocateurs et consignes pour les prochains scrutins
Si Ali Bongo a, à juste titre, invité les autres partis à rejoindre la majorité républicaine «pour former une alliance pour le développement de la Nation», il s’est déclaré satisfait du bilan de ses 7 dernières années au pouvoir, disant vouloir améliorer d’autres points. «Il reste encore du chemin à parcourir pour l’amener là où je souhaite le hisser», a déclaré Ali Bongo. «C’est pourquoi, notre travail n’est pas terminé», a-t-il ajouté. A quelques mois de la présidentielle, Ali Bongo qui, depuis le 12 mars 2022, semble implicitement faire part de ses velléités, n’a toujours pas officiellement annoncé sa candidature mais ses propos n’en ont que plus de pouvoir évocateur. Alors que 3 scrutins seront organisés cette année au Gabon, s’adressant à ses camarades Ali Bongo a donné des consignes fermes. «Certes le PDG est en position de force mais, gare à l’excès de confiance», a-t-il averti invitant les PDGistes à être humbles, à l’écoute des populations, de leurs préoccupations, leurs attentes ; à être présents, omniprésents sur le terrain et à bâtir un programme qui permettra au Gabon de franchir un nouveau cap.
Storytelling et larmes autour de l’AVC de Ryad
«Ces consignes, gardez les à l’esprit car toutes ces élections se joueront à un seul tour», a dit Ali Bongo rappelant qu’il n’y aura donc pas une 2e chance pour les candidats. «Tenez-vous prêts. Prêts pour une victoire incontestable par K.O», a-t-il dit avant d’aborder, pour la première fois, son AVC en Arabie Saoudite. «Je me retrouvais seul à table parce que les autres étaient descendus et là j’ai été victime d’un accident», a confié Ali Bongo qui dit ne plus se souvenir de ce qu’il s’est passé, sauf avoir demandé qu’on appelle un médecin. «Dès qu’il est arrivé, je ne me souviens plus de rien jusqu’à mon dernier jour en Arabie Saoudite et c’est la vérité», a-t-il témoigné. «J’ai fait un blocage total de mon séjour en Arabie Saoudite. Je me souviens du dernier jour où je suis allé un peu me promener dans l’hôpital pour me détendre et après nous sommes partis pour le Maroc. Le roi a tout fait pour moi», a-t-il poursuivi.
Si arrivé au Gabon ses premiers discours à la télévision ont été critiqués du fait de ses difficultés à prononcer les mots, Ali Bongo a semblé se défendre en assurant qu’après son AVC, il s’exprimait plus facilement en anglais qu’en français. «Petit à petit, le français est revenu et a re-dépassé l’anglais jusqu’au moment où je suis rentré définitivement. J’ai encore quelques souvenirs comme le premier message à Noël que je vous ai fait, qui n’avait que quelques lignes», a-t-il déclaré, disant surtout avoir gardé en mémoire l’accueil des Gabonais à son retour du Maroc. «C’était extraordinaire, il y avait un monde fou ! Ça m’a fait un bien fou. Vous ne pouvez pas vous rendre compte du bien que ça a pu faire. Enfin je rentrai, les Gabonais qui m’attendaient», a entre autres, raconté Ali Bongo ému jusqu’aux larmes.
Refus d’aller «récupérer en douce ». Meilleure fortune que d’autres chefs d’Etat ?
«Avec un peuple comme celui-là, on se sent fort. Il n’y a pas de raison de douter. Et maintenant, nous irons encore plus loin, plus loin, plus loin et nous allons le faire tous ensemble, car le pays a besoin de nous. Est-ce que nous sommes prêts à nous battre pour le pays», a déclaré Ali Bongo qui se sent désormais plus fort et certain d’avoir la confiance de ses compatriotes. Il n’en veut pour preuve que l’accueil qui lui est réservé ici et là depuis qu’il a commencé sa tournée dans l’hinterland. «Cet accueil me touche beaucoup et je sais que ça va être ça dans toutes les provinces du pays», a-t-il lancé indiquant que les populations lui témoignent, malgré 5 ans d’absence, leur amour. «Et je ne l’oublie pas. Je le dis : je suis entièrement au service du pays car Dieu m’a donné la leçon, Dieu m’a donné une leçon : sois au service de ton pays», a déclaré Ali Bongo. Un signe de Dieu lui demandant de rester au pouvoir ?
Mieux, a-t-il expliqué, «car la maladie que j’ai eu, vous savez que je suis chanceux, il y a à peine 10% qui revivent après cela et aucun chef d’Etat». S’il se présente comme une bénédiction de Dieu, il croit tout aussi que Dieu a voulu qu’il survive pour rester au contact des populations et faire ce qu’il peut. «Parce que j’aurai pu très bien dire : bon c’est terminé, je m’en vais récupérer en douce. Mais, non ! non ! Ce n’était pas possible, pas comme ça. Dieu a voulu que nous restions et que nous restons ensemble et que je continue à porter la voix du Gabon partout, partout», a-t-il commenté. Ali Bongo qui rappelle avoir été un peu partout l’année dernière, indique que cette année il a la responsabilité de la CEEAC. «La CEEAC c’est le Gabon», at-il prononcé signifiant que le pays a également des responsabilités à l’ONU. «Nous les méritons et nous allons tout faire pour que personne ne les regrette et surtout pas les Gabonais. Je vous remercie pour l’amour que vous me donnez».