Libreville - Quelques jours après le début des pogroms contre les ressortissants subsahariens, la police tunisienne avait procédé à de nombreuses arrestations de populations noires d’Afrique. Au nombre de celles-ci figuraient neuf Gabonais, dont deux en situation irrégulière. Aux dernières nouvelles, tous auraient été relaxés indique une source diplomatique proche du dossier.
En effet, en dépit du calme apparent observé cette semaine, de nombreux témoignages d’étudiants africains, dont de gabonais, recueillis par la rédaction de l’AGP font état d’agressions, de saccages, d’expulsions, etc. Les subsahariens ne se sentent plus en sécurité en Tunisie. Après une vague d’arrestations consécutives aux propos très durs tenus par le président Kaïs Saïed à l’endroit de ces populations, la situation reste tendue.
Un climat de panique s’y est installé poussant certaines personnes à se retourner vers leurs Ambassades respectives dans l’espoir de se faire rapatrier. Dans ce contexte, les membres de la communauté subsaharienne doivent faire face à des »contrôles intempestifs, avant d’être conduits au poste de police, en dépit parfois de la possession d’un titre de séjour valable », a confié Djamilatou Ibrahim, une ressortissante camerounaise jointe au téléphone par notre rédaction.
Le Gabon par le biais de sa Représentation diplomatique a initié des démarches auprès des autorités tunisiennes en vue de la relaxe de nos neuf ressortissants, dont deux en situation irrégulière. Selon une source diplomatique gabonaise ayant requis l’anonymat, les autorités gabonaises mettent tout en œuvre pour veiller à la sécurité de nos ressortissants en Tunisie. « le ministère des Affaires étrangères a envoyé une note à l’Ambassade du Gabon en Tunisie lui enjoignant de lui fournir la liste des compatriotes désireux d’être rapatriés », a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter, « un premier travail a été fait en Tunisie avec l’Association des Etudiants et stagiaires pour discuter du sujet, puis de voir s’il existe à l’intérieur du pays des cas précis de gabonais victimes des violences. Au final, rien de grave n’est à signaler, hormis quelques 9 cas d’arrestations, et tous ont été relaxés », confie la source diplomatique.
Outre le recensement, l’Ambassade du Gabon a appelé ses communautaires au calme, tout en les invitant à ne pas se livrer aux déplacements inutiles. Elle a dans ce sens pu obtenir de certains établissements privés la dispense des cours en ligne pour les compatriotes terrés chez eux à cause de la sécurité devenue précaire dans les rues des villes tunisiennes.
Sur le plan diplomatique, l’ensemble des pays africains accrédités en Tunisie a eu une séance de travail avec le ministre tunisien des Affaires étrangères pour exprimer leur mécontentement face aux dérives xénophobes que connaît actuellement ce pays.
Les diplomates africains ont également sollicité des autorités tunisiennes qu’un délais supplémentaire de 3 à 6 mois soit accordé à ceux des ressortissants subsahariens qui peuvent régulariser leur situation, et à ceux qui ne le pourront pas, qu’une exonération leur soit accordée pour qu’ils rentrent définitivement dans leurs pays.
Un groupe de travail chargé du suivi des recommandations a été mis en place entre le ministère tunisien des Affaires étrangères et les missions diplomatiques africaines.