S’ils s’étaient dit disposés à prendre part à la concertation politique ouverte ce jeudi à Libreville, l’absence d’un comité bipartite de préparation, la composition des délégations engagées, le malaise né de la mise en place du bureau du CGE et le lieu choisi pour l’abriter ont décidé l’Union nationale (UN), Réagir et le PRC à décliner finalement l’invitation à ces assises, accusant le pouvoir de poursuivre d’autres objectifs que des élections aux lendemains apaisés.
Ils auraient bien voulu apporter leur contribution aux travaux qui ont officiellement démarré ce jeudi, mais l’Union nationale, Réagir et le PRC se sont finalement abstenus de prendre part à la concertation politique ayant lieu actuellement dans l’enceinte du ministère de la Défense. Un choix que les trois partis de l’opposition jugent d’ailleurs «inadmissible (pour) une rencontre de cette importance», d’autant plus que l’administration se trouve à moins de 100 mètres du centre d’écoutes de la présidence de la République, le Silam. «Ceci n’est pas de nature à rassurer», estiment-ils dans une déclaration commune, ce jeudi 16 février.
Mais le choix du lieu de la concertation n’est pas la seule raison évoquée par les trois partis pour justifier leur absence des discussions. Il y a aussi que la récente mise en place du bureau du Centre gabonais des élections (CGE) leur est restée en travers de la gorge. «Le CGE étant le maître d’œuvre de l’organisation des élections, peut-on envisager des élections aux lendemains apaisés au regard des conditions fortement contestables de la désignation des membres de cet organe ?» s’interrogent-ils, évoquant un malaise né du «passage en force opéré par le ministre de l’Intérieur» qui, selon eux, «est révélateur de l’état d’esprit du pouvoir».
Improvisations et composition douteuse
Et pour l’UN, Réagir et le PRC, l’état d’esprit des autorités n’est pas à l’organisation d’élections aux lendemains apaisés. Sinon, ces assises auraient été mieux préparées, pensent-ils. Notant des «improvisations», les trois partis dénoncent notamment «l’absence d’un comité bipartite de préparation des assises, censé définir le format, un ordre du jour, les modalités de désignation d’un ou plusieurs facilitateurs ainsi que la portée des résolutions issues desdites assises».
Ils dénoncent également la composition des délégations prenant part à cette concertation. «Pour ce qui concerne l’opposition, relèvent-ils, nous constatons que la liste de ce camp politique est la juxtaposition de 33 formations politiques distinctes. Certains, parmi ces partis politiques sont représentés au gouvernement, d’autres affichent leur soutien au chef de l’État, se réclament du centre ou figurent au nombre de la trentaine de partis politiques légalisés par le ministre de l’Intérieur il y a quelques semaines seulement.»
«Le seul objectif de cette concertation est et doit rester la recherche de la transparence électorale, gage de lendemains électoraux apaisés. Notre participation à la concertation ne présentera aucun intérêt pour notre pays si ses organisateurs ne se donnent pas les moyens de recentrer leur démarche dans l’intérêt du Gabon et du Gabon seul. Nous pensons qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et que pour le moment, plutôt que de nous éloigner de l’objectif comme c’est le cas, nous devrions nous donner les moyens de revenir à l’essentiel. L’intérêt national le commande», ont-ils conclu.