A l’occasion de la concertation sur les élections lancée lundi par le président Ali Bongo Ondimba, « les représentants de l’opposition se sont étripés sur le mode de désignation de leurs délégués, sur fond de noms d’oiseaux », comme l’écrit le quotidien L’Union dans sa livraison de ce mercredi 15 février.
L’opposition, comme la majorité, devait en effet s’accorder sur une liste de 30 noms (finalement élargie à 40 sur décision du président Ali Bongo Ondimba pour aplanir les difficultés). Face à son incapacité de trouver un accord, un délai de grâce de 24 heures lui a été accordé (jusqu’à ce mercredi midi), alors que la majorité, de son côté, en bon ordre, a fait diligence dans les délais.
Ce nouvel épisode, qui succède à celui, tout aussi affligeant de la désignation de ses membres aux seins des commissions du CGE, vient confirmer la cacophonie qui règne dans les rangs de l’opposition, morcelée comme jamais.
Pour ce professeur en science politique de l’UOB, cette situation s’explique par le fait que « l’opposition au Gabon n’a ni leader, ni projet. Jean Ping qui jouait jusqu’à présent le rôle de figure tutélaire, a perdu de sa superbe. Il est de fait écarté par les autres leaders de l’opposition qui le considèrent comme un homme du passé », explique l’universitaire.
« Le problème, c’est qu’il n’y a personne pour le remplacer. Ni Alexandre Barro Chambrier du RHM, ni Paulette Missambo de l’UN n’ont la carrure et la surface politique nécessaires pour jouer ce rôle. Quant à Guy Nzouba-Ndama, le président des Démocrates, en qui beaucoup voyaient un possible successeur à Jean Ping, il est empêché en raison de ses ennuis judiciaires », fait observer ce politologue.
Recherche d’un bouc-émissaire
« En attendant, l’opposition ne travaille pas sur un contre-projet », relève-t-il. « Elle donne le sentiment de se préoccuper davantage des questions de pouvoir que des questions de fond qui font le quotidien des populations. » Et d’ajouter : « Dans ces conditions, penser que l’opposition puisse faire bonne figure à l’occasion des prochaines élections semble être totalement illusoire. Ça relèverait du miracle ! »
Mais loin de se remettre en cause, l’opposition a trouvé le malheur à ses problèmes. Pour le président du Parti social démocrate (PSD), Pierre-Claver Maganga Moussavou, le fautif ne serait autre que le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha. Tant qu’elle ne jettera pas un regard lucide sur les maux qui la minent, l’opposition ne sera pas en mesure de sortir de l’ornière dans laquelle elle semble se complaire.