C’est ce qu’a clairement indiqué la cheffe de la Délégation de l’Union européenne (UE) au Gabon, Rosário Bento Pais, au cours d’une rencontre avec la presse ce 8 février 2023 à Libreville. A cela, plusieurs raisons.
« Nous n’avons pas été saisis. Il y a des procédures. Pour avoir une mission d’observation électorale, il faut que le gouvernement fasse la demande. Si on n’est pas le bienvenu, on ne peut pas venir. Vous êtes dans un pays souverain », a expliqué Rosário Bento Pais.
Lors de la dernière élection présidentielle au Gabon en 2016, l’Union européenne avait déployé une équipe dans le pays qui n’avait pas fait preuve, selon Libreville, de l’impartialité et la neutralité requises dans ce genre d’exercice.
À cause de ce rapport, « pendant plus de 3 ans, il n’y avait pas de dialogue entre l’Union européenne et le Gabon », a déploré Mme Bento Pais.
En réalité, cette annonce ne constitue en rien une nouvelle. C’est en 2019, au moment où l’UE et le Gabon ont renoué leur dialogue pour le mener à son terme, que les deux parties sont convenues, d’un commun accord, de ne plus dépêcher d’observateurs au Gabon.
« C’est légitime car ces pratiques sont d’un autre temps. Elles relèvent d’une forme de paternalisme, d’un passéisme pour ne pas dire plus (…), fait observer un membre du gouvernement gabonais, qui fait mine de s’interroger : « Imagine-t-on des observateurs de l’Union africaine venir observer des élections dans un pays européen ? Ce serait totalement abscons ? »
Surtout, comme l’a admis Rosario Bento Pais, le contexte a changé. Depuis quelques années, le Gabon a gagné en importance sur la scène internationale à la faveur notamment de la montée en puissance des préoccupations en matière de climat ou de biodiversité, sujets sur lequels le pays est considéré comme clé. Mais aussi à la faveur de sa présence depuis 2022 au Conseil de sécurité de l’ONU, instance qu’il a présidée en octobre dernier.
En outre, le Gabon est largement sorti de son tête à tête avec l’Union européenne. Ses principaux partenaires sur le plan économique sont la Chine, Singapour, mais aussi la Turquie, etc. Sur le plan diplomatique, le pays a renforcé ses relations avec Washington et Londres avec, notamment, son adhésion au Commonwealth en juin 2022.
L’Union européenne le sait. Elle n’est plus installée dans un tête-à-tête face confortable avec le Gabon, comme s’était le cas il y a quelques décennies. Face à la concurrence de plus en plus vive d’autres pays, elle doit désormais séduire pour espérer s’imposer.