Dans un contexte marqué par la foultitude de vœux de nouvel an, notamment par les chefs de partis politiques de l’opposition livrant à leurs ouailles un tableau catastrophique du Gabon, le président de la République n’a pas manqué, lors de son discours à la Nation à la même occasion, des décocher quelques flèches furtives à l’endroit de l’opposition. Des propos bien évidement commentés par ses adversaires politiques.
Ali Bongo a déploré, lors de son tout dernier discours de vœux de nouvel an à la Nation, que certains acteurs politiques n’aient pas reconnu les efforts collectifs des populations et les décisions courageuses des gouvernants durant les deux années pénibles de la pandémie du Covid-19. L’occasion pour le président de la République de dénoncer, sans les citer nommément, l’attitude démagogique de certains acteurs politiques arborant volontairement des œillères : «En refusant de voir ces réalités indéniables, en tentant d’accréditer l’idée qu’ils régleraient tous les problèmes en un coup de baguette magique, certains de nos concitoyens ont choisi la voie du populisme, le cancer de la démocratie.»
Populisme, travestissement de la réalité
Si, de suite, certains n’avaient pas reconnu de quel bord politique sont les personnes indexées par le président, celui-ci s’est davantage avancé en description, établissant clairement un distinguo : «À la différence du responsable politique qui cherche à faire, le populiste, lui, cherche à plaire. Son arme : le travestissement de la réalité, le mensonge.»
Dans l’opinion, de nombreux commentateurs n’ont cependant pas manqué de rappeler que le travestissement de la réalité est avant tout et surtout le fait du camp au pouvoir. À ce sujet les écrits de Christian Emane Nna, vice-Président de ‘’Debout Peuple Libre’’, rappellent par exemple que «la Stratégie d’investissement humain lancée en 2013, issue de l’étude qui a coûté 10 milliards de francs CFA aux contribuables avec pour objectif de concrétiser le Pacte Social, a été (…) une gigantesque chimère. Assurément, les plus de 30% de nos compatriotes vivant sous le seuil de pauvreté, cibles principales de cette démarche, ne sont toujours pas sortis de la misère, bien au contraire, leur situation s’est aggravée.»
Une réplique à Alexandre Barro Chambrier ?
D’autres ont pensé que, d’une certaine manière, le chef de l’Etat donnait la réplique à Alexandre Barro Chambrier du RPM dont l’adresse à la nation, à l’occasion de la présentation de ses vœux de nouvel an, indexait notamment le «recul du Gabon dans tous les domaines» du fait «d’une gouvernance calamiteuse». Pour Ali Bongo de tels discours sont dangereux. Aussi a-t-il tenu à en appeler à la lucidité des uns et des autres. «Face à cette menace, qui ronge notre démocratie, et mine le débat public, je voudrais vous inviter à faire preuve de maturité et de responsabilité. A ne pas écouter ni les Cassandre qui vous disent que rien ne marche, ni les Charlatans qui vous disent qu’avec eux tout irait mieux», a mis en garde le président de la République.
Ali Bongo qui a accepté l’appel des acteurs politiques de tous bords pour une rencontre portant préparation de scrutins aux lendemains apaisés, n’a pas manqué de rappeler que «dans une démocratie, il est important que face à une majorité, il y ait une opposition. Encore faut-il que cette opposition fasse preuve de lucidité et d’objectivité.»
Mais, certains membres de l’opposition, rencontrés en off, demandent également au pouvoir de ne pas s’emmurer dans le déni de la réalité ou le travestissement des faits. Et l’un d’eux de rappeler que la feuille de route pour «Accélérer la cadence et l’impact social» établie en 2014, le dispositif «Un Jeune, un métier» vendu à grand bruit en 2016 pour les besoins de la campagne présidentielle, le Plan de relance de l’économie élaboré en 2017 avec l’appui du FMI, la feuille de route pour «Amplifier la dynamique de transformation économique et sociale» de 2019, le «Plan de Riposte et de Soutien Économique et Social » proposées en 2020 pour faire face aux conséquences de la Covid-19… sont autant d’annonces restées inopérantes et sans résultats palpables. De quel camp politique sont donc les démagos indexés par le président ?