Figurant parmi les priorités nationales, l’éducation va bien au-delà de la transmission des savoirs. Il s’agit de préparer à l’exercice de la citoyenneté, au vivre ensemble, à la vie professionnelle, tout en visant l’égalité. Partant de ce constat, la présidente de l’Union nationale (UN), ancienne ministre de l’Éducation nationale, souhaite une réflexion sur la problématique de l’école gabonaise afin de lui redonner son lustre d’antan.
Se dispensant un bilan des treize années de gestion du pays par le président Ali Bongo Ondimba, ou encore de passer au peigne fin tous les déterminants fondamentaux du développement économique et social d’un pays, notamment les infrastructures, le capital humain, le taux de chômage, la productivité industrielle, la dette, la bonne gouvernance, etc., s’agissant du Gabon, pour Paulette Missambo, un seul secteur suffit à illustrer l’ampleur du désastre dans lequel le pays est plongé depuis plusieurs années.
En effet, si le monde s’accorde à admettre que l’éducation est un élément fondamental pour le développement social et permet de réduire la pauvreté, d’un pays, pour les gouvernants du Gabon, cette assertion semblerait plutôt chimérique, au point de marginaliser l’«école gabonaise» avec son taux de redoublement le plus élevé au monde.
Bien souvent, pour présenter la situation de l’enseignement au Gabon, on se limite à afficher son taux d’alphabétisation qui se situe autour de 90%, bien au-delà de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Cependant, une analyse approfondie permet de démontrer que le tableau est moins reluisant. Avec un taux de redoublement de 37%, dans l’enseignement primaire, soit le plus élevé au monde, et deux fois supérieur à la moyenne africaine ; un taux de redoublement de 26% au 1er cycle et 23% au second cycle ; ainsi qu’un taux net de la scolarisation passé de 83,3% à 70% entre 2020 et 2021, le secteur de l’éducation suffirait à lui seul à illustrer l’ampleur du désastre dans lequel le pays sombre, déplore la présidente de l’Union nationale.
«Cette situation n’est pas acceptable. Pour construire un modèle républicain de réussite, il nous faut faire de l’école une priorité de premier ordre. Nous devons engager une réflexion pour redonner à notre école son lustre d’antan. Nous devons le faire pour préparer le Gabon de demain. Si nous voulons lutter contre la corruption et l’incivisme, nous devons miser sur le savoir. Par-dessus tout, nous devons réfléchir à une modernisation de l’action publique», a-t-elle déclaré à l’ouverture de la concertation des partis d’opposition et des acteurs de la société civile pour l’alternance et le changement au sommet de l’État, le 12 décembre 2022.