Si ces deux essences forestières figurent parmi une vingtaine d’autres sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), au point d’être boycottées sur certains marchés, plusieurs scientifiques et experts assurent qu’elles sont loin d’être aussi vulnérables qu’on le dit. Surtout quand les évaluations leur ayant valu ce statut datent de plus de 20 ans.
Exploités depuis plusieurs décennies, l’Okoumé, le Padouk et le Doussié sont en danger d’extinction au Gabon et dans d’autres pays de l’Afrique centrale, si l’on en croit la Liste rouge de l’UICN. L’organisation internationale leur accorde d’ailleurs le statut «vulnérable». Sauf que la question divise le monde scientifique, au point qu’un atelier consacré expressément à la révision de cette liste de 21 espèces ligneuses se tient depuis lundi à Libreville. Les travaux devraient aboutir, vendredi 9 décembre, à une proposition de nouveaux statuts de conservation de cette vingtaine d’essences.
S’il se veut explicatif dans un premier temps, rappelant que «la Liste rouge de l’UICN est un outil utilisé par de nombreux acteurs afin de préconiser des mesures de gestion visant à pérenniser des populations animales ou végétales», le Pr Jean-Louis Doucet, chercheur à l’Université de Liège, en Belgique, estime qu’«il est crucial que les évaluations soient effectuées le plus grand sérieux quand les espèces concernées ont un intérêt économique».
Des évaluations de 24 ans !
Or, au regard de cette Liste rouge que Gabonreview s’est procurée, il apparaît que les évaluations liées à l’Okoumé et au Doussié datent de 1998, soit 24 ans. Pourtant les deux essences sont actuellement jugées vulnérables sans tenir compte des politiques publiques en vigueur au Gabon, en matière d’exploitation forestière. Pire, le Padouk qui figure aussi sur cette liste, en plus d’avoir été intégré en Annexe 2 de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, en anglais), n’a connu d’évaluation de la part de l’UICN.
«Nos experts estiment qu’en réalité ces espèces ne sont pas menacées. Les déclarations récentes des autorités nationales de la CITES en Europe démontrent leur méconnaissance profonde des réalités de la gestion forestière des pays du Sud. En imposant des contraintes supplémentaires et non justifiées, elles mettent en péril un secteur économique exploitant une ressource renouvelable, et favorisent indirectement l’utilisation de matériaux dont l’empreinte écologique est bien plus importante que celle du bois», peste le chercheur français qui prend part aux travaux de Libreville.