La France doit commencer dès l’an prochain à assainir ses finances. C’est l’injonction faite par le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport publié lundi 21 novembre.
A Washington, où siège l’institution, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Alors que le FMI a délivré un satisfecit au Gabon il y a quelques jours pour ses efforts lui ayant permis de ramener en deux ans la dette du pays de 78 % du PIB à 55 %, il a dans un rapport publié lundi vigoureusement critiqué à l’inverse la trajectoire, qu’il juge dangereuse, des finances publiques françaises.
A travers le gel des prix de l’électricité et du gaz, les chèques énergétiques, les remises sur les prix du carburant, le soutien aux entreprises… La France a multiplié les dépenses depuis un an, évaluées par le FMI à plus de 2 % de son PIB.
Celles-ci ont pesé sur des finances publiques déjà très dégradées par la pandémie de Covid-19 durant lesquelles le gouvernement a notamment financé le chômage partiel et les fermetures de commerces au titre du « quoi qu’il en coûte ». « Il est justifié de commencer la consolidation budgétaire en 2023 », écrit le FMI dans les conclusions d’une mission d’évaluation économique de la France.
Une critique à peine voilée contre le gouvernement français accusé de « procrastiner », autrement dit de repousser les réformes les plus essentielles. Le gouvernement table sur un déficit public de 5 % l’an prochain après 4,9 % cette année, et prévoit de revenir sous la barre des 3 % en 2027, là où ses grands voisins misent sur un retour plus rapide à ce niveau.
Le FMI, qui table toujours sur une croissance de 0,7 % l’an prochain en France, appelle à « un ajustement soutenu » pour ramener le déficit à 0,4 % du PIB d’ici à 2030 en s’appuyant sur la réduction de la croissance des dépenses courantes, notamment celles liées à la pandémie et la crise énergétique.
Selon l’Institut national français de la statistique (INSEE), à la fin du deuxième trimestre 2022, la dette publique française s’établit à 2 916,8 Md€, ce qui correspondant à 113,3 % du PIB. La France souffre d’un excès de dépenses publiques. Résultat : le poids des prélèvements obligatoires (impôts, prélèvements sociaux, taxes) y est particulièrement.
Toujours selon l’INSEE, en 2020, le poids des prélèvements obligatoires s’est établi à 47,5 % du produit intérieur brut (PIB) en France contre 41,3 % dans l’ensemble de l’Union européenne à 27 pays. Il s’agit du deuxième pays le plus mal classé juste derrière le Danemark. A ceci près qu’au Danemark, le rendement de la dépense publique (ce que les citoyens retirent en services par rapport à ce qu’ils payent en impôt) est nettement supérieur, où le poids de la dette est bien moindre (31,7 % du PIB à fin juin 2022) et où les déficits sont nettement plus contenus.