Tout a commencé par l’échec de l’opération «Départ volontaire» lancée par Rose Christiane Ossouka Raponda, alors ministre du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction Publique. Il s’agissait d’amener, dans le but de dégraisser la Fonction Publique, certains agents de l’Etat à quitter volontairement la Fonction Publique avec moult avantages, mais l’opération a tourné en eau de boudin. Échec et mat. Puis vint la deuxième opération : «pour éviter une dette trop importante vis-à-vis des agents publics, la Fonction Publique ne peut plus donner un emploi sans avoir à le payer». Mais certains DRH de l’administration publique continuaient de recruter. Et les effectifs continuaient donc d’augmenter. Là aussi échec et mat. Alors la décision de ne plus recruter fut prise… en catimini.
Un seul mot d’ordre dans les ministères : «gel des recrutements»
«Gel», c’est le mot pudiquement employé dans les secrétariats généraux des ministères et les directions centrales des Ressources Humaines pour signifier la «fin des embauches», comme on le dit dans le privé. L’Etat a ainsi du mal à gérer ses 70.000 agents et une masse salariale annuelle de près de 450 milliards de francs CFA.
En fait, il faut remonter à 2010 pour noter les derniers recrutements de la Fonction Publique. «Depuis trois-quatre ans, on joue ‘’au chat et à la souris’’, on fait croire que l’on embauche toujours ; en fait, il n’en est rien», affirme sous le sceau de l’anonymat un très proche collaborateur du directeur général de l’Administration et de la Fonction Publique. En clair, en fait de «gel», il s’agit bien d’un arrêt des recrutements. Pourtant, les services des DRH ne désemplissent pas de demandes. Au ministère des Transports, la DCRH compte plus de trois cents dossiers en attente d’intégration à la Fonction Publique, tout comme le ministère de l’Economie numérique, de la Communication et de la Poste qui en compte plusieurs dizaines. Cette situation est d’autant plus embarrassante que les agences publiques ne recrutent pas non plus en masse. Il est vrai qu’à l’exception de quatre ou cinq d’entre elles (ANGT, ANINF, AGASA, ONADER, ANBG), ces agences n’ont pas une santé financière reluisante. Beaucoup d’agents de ces entités, créées il y a moins de quatre ans, en sont à leur cinquième mois sans salaire.
Avancements, reclassements, régularisations
En revanche, ce qui marche bien en ce moment pour les agents publics, c’est la réforme réalisée par les autorités gouvernementales sous Raymond Ndong Sima. En effet, les reclassements, les régularisations de situation administrative, et surtout les avancements automatiques se font dorénavant aux dates échues.
C’est une réforme notoire que les agents publics ne manquent pas de reconnaître et de saluer. Jean-Marie Ogoula, fonctionnaire au ministère de la Culture, des Arts et de l’Education Civique, affirme qu’il a été agréablement surpris de constater que dans son bulletin de salaire du mois d’avril dernier, sa nouvelle situation avait été prise en compte avec toute l’incidence financière que cela implique, alors qu’il n’avait pas fait de démarche dans ce sens, et cela l’a comblé de joie. Ce sentiment est partagé par d’autres fonctionnaires, tels que Simone Edou du ministère de la Santé et Ghislain Mbazonga du ministère de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des Ressources naturelles. Mais il est dommage de laisser au bord de la route de nombreux diplômés des filières qui intéresseraient le secteur public.
«La Fonction Publique ne recrute plus, les agences publiques se portent mal pour la plupart, il ne reste plus aux demandeurs d’emploi nouvellement diplômés qu’à se tourner vers l’autocréation d’entreprise ou à regarder vers le privé», estime un directeur du recrutement. Le problème est que de nombreux diplômés ont suivi des filières (Relations internationales, Sciences Po, Langues étrangères appliquées,…) qui ne peuvent les mener vers le privé. Peut-on gager que lors de son prochain passage devant les médias, le Porte-parole du gouvernement évoquera ce sujet ?