Le président Ali Bongo Ondimba a mis en service, le vendredi 20 juin 2014, le pont sur la Banio, dans le département de la Basse-Banio, à Mayumba, dans le sud du Gabon. Le projet, lancé une première fois en 1975 avant d’être rangé dans les cantines de l’oubli, vient de se matérialiser. Il ouvre la voie au développement de cette localité, mais également de la province de la Nyanga, dans son ensemble.
Depuis son arrivée à la magistrature suprême en 2009, Ali Bongo Ondimba avait dit son intention de joindre régulièrement l’acte à la parole. Et lors de son passage dans la localité de Mayumba le 17 juillet 2010, il avait promis la réalisation de cet ouvrage qui ouvre la voie à la réelle modernisation et à la transformation économique des villes sud du Gabon. Le 31 mai 2011, le chantier du pont sur la Banio a ainsi été ouvert et l’entreprise Séricom du groupement Santullo a été commise pour en exécuter les travaux.
Pour la mise en service de cette structure, présentée par les ressortissants de Mayumba comme «un joyau architectural», d’autant plus qu’elle est construite avec les standards modernes les plus récents, l’on a enregistré la présence de toute la notabilité de la Nyanga. Des hommes politiques ou religieux en passant par les anciens ministres et ceux encore en service, les chefs de villages et autres habitants désireux de découvrir l’ancrage dans le réel de ce projet. Et l’on a pu percevoir l’importance que revêt ce pont pour ces gens qui traversaient la lagune en pirogue ou sur un bac en proie aux aléas du climat et de l’atmosphère. Une opération qui ne pouvait s’effectuer au-delà de 18 heures et les accablait.
En prenant la parole pour la circonstance, le maire de Mayumba, Castanoul Makaya, s’adressant au chef de l’Etat, a déclaré qu’il s’agissait d’ «un grand jour pour Mayumba». «Car vous venez d’écrire l’une de ses plus belles pages», a-t-il dit avant de souligner le fait que «Mayumba a cessé d’être une cité enclavée» et qu’il était là question du «démarrage d’une nouvelle ère».
S’il s’est réjouit et a remercié le président de la République au nom des populations de la localité, il n’en demeure pas moins qu’il a de nouveau tendu la main… pour d’autres doléances. Les voiries de Mayumba étant en piteux état, Catanoul Makaya a demandé à Ali Bongo de tout faire pour sortir cette bourgade de cet état de délabrement. De même, il a sollicité l’électrification de la localité, ainsi que l’éclairage public. Au terme de son propos le maire de Mayumba a remis les clés de la ville au chef de l’Etat.
Comme le maire, Bernard Pandzou, le représentant des notables s’est réjouit de cette mise en service du pont qui met également fin au calvaire des populations qui vivaient en tenant compte du rythme du bac et des pirogues. Jonathan Ignoumba, au nom des parlementaires de la localité n’a pas hésité à parler de «libération rêvée et ardemment souhaitée». «Elle matérialise l’espoir longtemps différé d’un facteur déterminant de développement des populations gagnées, un temps par l’incertitude et parfois par le pessimisme», a-t-il déclaré. Il s’est davantage satisfait du fait que la construction du pont avait déjà montré la voie du développement en créant des centaines d’emplois directs et indirects.
Guido Santullo, le patron de l’entreprise Sericom s’est chargé de présenter les caractéristiques techniques de l’ouvrage. On a donc appris que la construction de l’ouvrage a débuté le 31 mai 2011 pour s’achever le 31 mai 2014. Le pont dispose de six travées de 70 m et deux de 50 m. La largueur quant à elle est de 20 mètres pour 10 m routier et 6,5m ferroviaire. L’on y a utilisé 6500 tonnes d’acier pour sa structure métallique, tandis que ses poutres principales métalliques sont de 3,1m. 17350 m3 de béton armé et 7350 tonnes d’acier pour béton armé ont été utilisés pour la confection de cette œuvre. La main d’œuvre a absorbé 187 employés, techniciens et manœuvres confondus. Et les travaux ont été, entre autres contrôlés, par l’Agence nationale des grands travaux (ANGT). M. Santullo a rappelé au président de la République qu’il avait demandé de former les jeunes gabonais. Pour lui, l’objectif a été atteint puisque 115 jeunes ont été employés durant la construction de ce pont et ont désormais un métier.
«Cet ouvrage, monsieur le président, était construit avec le cœur mais pas avec la haine», a déclaré Guido Santullo qui ne s’est pas fait prier pour dire ce qu’il avait sous le cœur : «tenez l’ouvrage, c’est votre enfant. Faites l’entretien qu’il faut. Et les siècles passeront et les enfants de vos enfants, etc. verront ce pont».
Le président de la République a reçu l’appui des chefs de villages qui sont tous venus pour honorer la promesse réalisée. Ils lui ont remis un ballai et une bougie traditionnelle en signe de reconnaissance, avant qu’il ne fasse les 520 mètres de traversée du pont, à pied.
Au terme de ce parcours, Ali Bongo a laissé entendre : «nous commençons à bénéficier de nos premiers investissements. Je dirais que derrière cette visite, il y a aussi la symbolique de ce que représente ce pont sur la Banio. C’est le rêve de beaucoup de compatriotes et moi-même j’ai grandi avec ce projet. Pendant 30 ans je n’ai entendu que ça. J’ai pensé qu’il était grand temps d’unir les populations de Mayumba au reste du Gabon. Derrière un projet comme celui-là qui a une forte valeur symbolique, il y a tout un projet de développement. Enfin, les projets de développement qui concernent les provinces du sud, notamment la Ngounié et la Nyanga, vont pouvoir prendre forme».
Si l’on n’a pas parlé d’inauguration, c’est que le président de la République souhaite que le gouvernement fasse des efforts pour que la route Tchibanga-Mayumba, en cours d’exécution, s’achève le plus tôt possible. Dès lors en l’inaugurant, l’on pourra également entreprendre le projet du port de Mayumba. Un projet très attendu par les populations du sud.