Au Gabon où les élèves renouent progressivement avec l’école après plus de deux mois de vacances, une vive polémique sur le paiement obligatoire des frais d’adhésion à l’Association des parents d’élèves (APE) alimente les débats des parents qui se plaignent des montants exigés.
Au Gabon et à Libreville en particulier, la polémique ne s’estompe pas au sujet des frais de l’Association des parents d’élèves (APE) exigés aux parents d’élèves dans les établissements. «On paie parce qu’on n’a pas le choix et c’est la condition pour que les enfants aillent en classe. Mais honnêtement on ne sait pas à quoi ça sert», a déclaré un parent d’élèves. «Ça relève soit de l’arnaque soit de la démission de l’État dans le financement de l’Éducation», a renchéri un autre. Depuis la rentrée des classes, ils sont nombreux à se plaindre du paiement de l’APE, tant les montants exigés diffèrent d’un établissement à un autre, souvent sur la base «d’aucun texte règlementaire».
Pour cette année scolaire dans le pays, les frais d’inscription et de réinscription au public ont été fixés par le ministre de l’Éducation nationale à 3 000 pour le préprimaire, 5 000 pour le primaire et 10 000 francs CFA pour le secondaire. Ils couvrent coopérative, carte d’identité, bulletin, carnet de liaison, consommables, entretien de l’établissement. À ces frais, s’ajoutent ceux de l’APE. Ce qui agace les parents d’élèves, d’autant que, estime Marlyse Ada le principal du CES Raymond Bouckat, ils «n’arrivent pas à différencier les frais d’inscription/réinscription et ceux destinés à l’APE».
Plusieurs APE hors norme
Elle évoque pour justifier cet état de fait, un manque de communication entre les APE et les parents d’élèves. À quoi servent donc ces frais ? Le paiement est-il encadré ? «Le montant de cotisation d’adhésion est fixé par décision de l’Assemblée générale ou du comité restreint. Et la loi dit que c’est de 1franc à 10 000 francs CFA, on ne dépasse pas 10 000. Sauf que la loi a toujours prévu une cotisation exceptionnelle en cas de besoin», a tenté de répondre un président d’APE. Mais à en croire Martin Ossey Kokou, le président de la Coordination des associations des parents d’élèves du Gabon (Capeg), la plupart des APE n’ont pas été mis en place dans les normes.
«C’est de connivence avec les parents véreux et les chefs d’établissements qui viennent arnaquer les parents en début d’année», a-t-il dénoncé à l’issue d’une rencontre avec le ministre de l’Éducation nationale dans ce contexte de polémique. «Nous avons proposé que les fédérations puissent fonctionner dans les normes et que les APE soient désormais identifiables par rapport à une fédération nationale», a-t-il fait savoir. S’il insiste sur le fait que les frais de réinscription et d’inscription sont du domaine du ministère de l’Éducation nationale, il assure qu’une note circulaire règle le problème de cotisation d’APE. «C’est-à-dire au préprimaire 1 000 francs par élève, au primaire 1 000 francs par élève, au secondaire 2 000 francs. Dans les structures confessionnelles, ne pas dépasser 5 000 francs».
Actualiser la note circulaire sur les APE
«Cette note, nous avons demandé au ministre de l’actualiser pour que tout le monde puisse voir clair», a rapporte Martin Ossey Kokou. Selon lui, l’APE est une administration autonome et financière qui se distingue de l’administration de l’école. «Tout parent qui inscrit un enfant dans un établissement est automatiquement membre de l’APE», a-t-il déclaré promettant d’organiser des sensibilisations pour expliquer aux parents le rôle et le fonctionnement des APE. Si l’on se demande si ce sera assez pour taire la polémique, il ajoute «il n’est pas dit que les APE ne sont là que pour les cotisations».
«Nous participons dans le cadre de l’élaboration de la politique du système de l’Éducation. Donc il faudrait aussi que les chefs d’établissement respectent les bureaux d’APE», a-t-il déclaré. Les parents de leur côté évoquent également une absence de transparence quant à la gestion de l’argent perçu dans le cadre des frais de l’APE.