À la faveur de sa rencontre jeudi avec les ambassadeurs de France à l’Élysée, Emmanuel Macron a suggéré aux diplomates d’«utiliser le réseau France Médias Monde» dont font partie RFI et France 24 pour déconstruire le discours de ses concurrents en Afrique qui accusent la France de faire de la néo-colonialisation et d’installer son armée sur le continent. La Société des journalistes (SDJ) de RFI et celle de France 24 ont déjà opposé leur refus.
Comme ses collègues, Alexis Lamek, ambassadeur de France au Gabon, a été exhorté, le 1er septembre, par Emmanuel Macron à se servir utilement, pour le bien de son pays, de Radio France Internationale (RFI) et France 24. Échaudé par les critiques de ses concurrents en Afrique, le président français, au cours de sa rencontre mercredi à l’Élysée avec les ambassadeurs de France, a en effet appelé les diplomates à «utiliser le réseau France Médias Monde» pour «faire face aux narratifs russe, chinois ou turc» qui viennent «expliquer aux Africains que la France est un pays qui fait de la néo-colonialisation et qui installe son armée sur leur sol».
Seulement, les élus de la SDJ de Radio France Internationale (RFI) et ceux de France 24 n’entendent pas accéder à la demande d’Emmanuel Macron, rappelant que le groupe France Médias Monde (FMM) auquel appartient aussi la radio Monte Carlo Doualiya «n’est pas le porte-voix de l’Élysée». «Nos journalistes ne sont en aucun cas et ne seront jamais un outil au service de votre communication et de votre politique», réagit la SDJ de RFI, refusant de faire des trois médias du groupe public des «médias d’État», mais disant préférer s’employer à «déconstruire les narratifs, à traquer les fake-news d’où qu’elles viennent».
«La SDJ de RFI tient à vous rappeler que nous ne céderons jamais une once de notre indépendance, en quelque circonstance que ce soit. Nous ne sommes pas journalistes à utiliser. Là est notre ligne rouge», adresse-t-elle au président français.
Refus de faire de la diplomatie d’influence
«France 24 n’est en aucun cas la voix officielle de la France. Elle est un média de service public, pas un média gouvernemental. Elle n’est pas, non plus, un opérateur de la diplomatie d’influence», a réagi à son tour, vendredi, la chaîne de télévision diffusant en quatre langues. «Il en va de notre crédibilité dans le monde, de la sécurité de nos équipes sur le terrain et de notre avenir professionnel au sein d’un paysage audiovisuel international rude et très concurrentiel», explique le média, un des plus regardés en Afrique francophone notamment.