Au terme d’une plénière extraordinaire, tenue le jeudi 12 juin dernier, le Conseil national de la communication (CNC) a suspendu le bimensuel «Le Verbe de Ngomo», accusé de colporter des «insinuations tendancieuses et malveillantes, affirmations sans preuves et propos diffamatoires».
Le débat sur l’authenticité voire la sincérité de l’acte de naissance du président de la République est loin de connaître son épilogue. Alors que l’opinion croyait qu’il était en passe de s’arrêter, il a malencontreusement été relancé par le Conseil national de la communication. Statuant en sa séance plénière du 12 juin dernier, l’institution de régulation de la presse a suspendu le bimensuel «Le verbe Ngomo» pour une période de 6 mois en raison notamment des «insinuations» faites à ce sujet.
En effet, à travers un texte intitulé «Et si on parlait d’acte de naissance ?», le journal dirigé par Télesphore Obame Ngomo affirme qu’«avec les ambitions politiques de Jean Ping de moins en moins voilées, la question de la «nationalité» semble être posée de manière vicieuse et visqueuse par une certaine presse. Ce qui est parfaitement regrettable pour l’image de la communication du chef de l’Etat car, cette «presse de propagande», sinon d’«intoxication » est lue et appréciée à sa juste valeur par les différentes représentations diplomatiques résidant dans notre pays».
«Il est évident qu’à la lecture de telles insanités, des rapports diplomatiques froids sont envoyés dans les pays respectifs par leurs représentants où ils mesurent très précisément le degré de dangerosité dans lequel est plongé et le risque d’explosion possible avant, pendant ou après les élections, surtout en ce qui concerne la présidentielle à venir», poursuit le journal, ajoutant : «A ce «jeu malsain» orchestré par des inconscients, c’est Ali Bongo qui pourrait trinquer. Et ce d’autant plus qu’en 2009, son acte de naissance joint au dossier de candidature en vue de l’élection présidentielle anticipée pourrait, pour les esprits très rigoureux, constituer un véritable casus belli au cas où la force publique viendrait à remettre en cause la nationalité voire l’éligibilité de candidatures métissées non anticonstitutionnelles».
Pour le CNC, Le Verbe de Ngomo s’est rendu coupable d’une double faute. Non seulement, ce titre «porte atteinte à l’honneur et à la considération du président de la République» mais en plus, il revient sur un débat qu’il croyait avoir clos. Car, affirme l’institution de régulation des médias, une mise en demeure avait déjà été adressée à l’ensemble de la presse nationale, écrite et audiovisuelle, «lui enjoignant de mettre fin au débat sur la nationalité de certains compatriotes, notamment les hommes politiques dont le chef de l’Etat». Dès lors, le CNC estime que les journalistes qui estiment que certains compatriotes ne sont pas éligibles ou présentent des documents d’état-civil sujets à caution sont libres d’ester en justice. Dans cet ordre d’idées, l’institution dirigée par Jean-François Ndongou estime que cette sanction a valeur d’exemple dans la mesure où elle vise à «amener les médias nationaux à faire preuve de responsabilité et de professionnalisme dans leurs tâches quotidiennes et à respecter la dignité humaine et les institutions de la République».
Toutefois, l’on peut s’interroger sur les missions du CNC. Au-delà de son rôle de régulateur, lui appartient-il de suggérer les sujets à aborder par les médias ? Est-ce de sa responsabilité de juger de la pertinence d’un sujet ? Autant de questions qui n’en finissent plus de secouer le Landerneau médiatique.