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Suite au lancement du Coted-Gabon : Souvenirs traumatiques, inquiétude partagée
Publié le samedi 27 aout 2022  |  Gabon Review
Akiéni
© L'Union par DR
Akiéni : La législative partielle fixée au 4 avril prochain
Election partielle dans la province du Haut-Ogooué, précisément au 1er siège de la Lekoni-Lekori (Akiéni), Réunis en Assemblée plénière, mercredi, les membres du Centre gabonais des élections (CGE)
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Six ans plus tard, nul n’a envie de revivre les événements d’août 2016. Nonobstant les inquiétudes des tenants du pouvoir, il est temps de tourner le dos au trucage électoral.

«Ces anomalies remettent en question l’intégrité du processus de consolidation des résultats et du résultat final de l’élection.» Six ans après cette accablante sentence de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE), personne n’a oublié. Nul n’a envie de revivre ces événements de sinistre mémoire. Pendant trois jours, la société civile l’a dit et redit. Et elle n’était pas seule, de nombreux partis d’opposition ayant exprimé la même préoccupation. Sur tous les tons, diverses personnalités l’ont affirmé : pour garantir la paix et la cohésion nationale, il faut mettre un terme au cycle élections truquées/contestation/répression. Avec la même insistance, elles l’ont proclamé : pour donner au pays une chance de se développer, il faut permettre aux citoyens de choisir librement leurs représentants. Comme dirait la MOE-UE, il faut procéder au «renforcement du cadre électoral en vue des prochaines échéances.» En d’autres termes, il faut en finir avec ces «anomalies évidentes» contraires à l’idéal démocratique.

Conduire des réformes de fond

Le «Congrès constitutif du consortium des organisations de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon (Coted-Gabon)» a été l’occasion de revisiter le passé tout en se projetant dans le futur. Comme on pouvait s’y attendre, le ministère de l’Intérieur et la Cour constitutionnelle ont été pointés du doigt. Comme on pouvait l’anticiper, il a été proposé une réforme du Centre gabonais des élections (CGE), jugé trop partial et pas assez inclusif. Comme on pouvait le prévoir, le rôle des forces de défense et de sécurité, principalement la Garde républicaine (GR), a été disséqué, retourné dans tous les sens. A la fin des fins, Bruno Georges Ngoussi, Georges Mpaga et leurs allés ont pris l’engagement de mener une vaste campagne de plaidoyer, aux plans national et international. De même, ils ont affirmé leur détermination à déployer une mission d’observation tout en se disant favorables à une observation électorale internationale sous les auspices de l’Organisation des Nations-unies (Onu).

Dans son diagnostic, comme de par ses propositions, la société civile a emboîté le pas à l’opposition. D’une certaine manière, elle s’est fait le relais d’une inquiétude largement partagée : si la présidentielle de 2016 fut la plus heurtée de l’histoire de notre pays, la prochaine pourrait l’être davantage. «Si les choses se passent de la même manière, 2023 sera la goutte d’eau qui va faire déborder le vase», a-t-on notamment entendu. D’où l’urgence de conduire des réformes juridiques et institutionnelles de fond. Même si d’aucuns feignent l’indifférence, la perspective d’une nouvelle présidentielle ravive le souvenir d’événements à la fois traumatiques et humiliants. Assaut contre le quartier général de Jean Ping, patrouilles policières musclées dans les quartiers, annulation de bureaux de vote sans reprise des opérations électorales, taux de participation fantaisiste dans la province du Haut-Ogooué, proclamation des résultats au cœur de la nuit, à l’heure de tous les cambriolages : peu glorieux, ces faits sont la conséquence d’une volonté de se maintenir au pouvoir à tout prix.

Promouvoir la transparence

Visiblement inquiète, la société civile se dit déterminée à apporter sa pierre à la mise en place des conditions pour des «élections démocratiques et transparentes.» Plus largement, elle espère «contribuer à la construction et à la consolidation de la démocratie au Gabon.» Dans cette quête, le Coted-Gabon est son outil. Sera-t-il le fédérateur tant attendu ? L’histoire le dira. Pour l’heure, on le rappellera : en août 2015, une initiative similaire fut menée sous la direction d’Albert Ondo Ossa. Dans son discours de clôture, l’ancien ministre et universitaire se disait alors conscient «du chemin qui reste à parcourir, avec nos faiblesses, nos lourdeurs, nos antagonismes et nos égoïsmes». Exprimant sa crainte de voir Ali Bongo triompher «parce qu’il aura été coopté par la communauté internationale», il invitait néanmoins les populations «à se tenir prêts pour répondre le moment venu aux mots d’ordre qui seront lancés.»

Sept ans plus tard, quel bilan tirer des assises de la Chambre de commerce ? Les données ont-elles changé ? Pourtant, il est temps de tourner le dos au trucage électoral. Nonobstant les inquiétudes des tenants du pouvoir, il faut promouvoir la transparence. Comme le rappelait Paul-Aimé Bagafou, il faut parvenir à des élections au termes desquelles «celui qui a été choisi dans les urnes occupe effectivement la fonction.» Pour ce faire, il faut clarifier les rôles des acteurs, sécuriser les opérations de dépouillement des votes et garantir la transparence du convoyage et de la centralisation des résultats. Il en va de l’image du Gabon et de notre vivre-ensemble.
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