À la veille des échéances électorales qui se profilent à l’horizon, et après les révélations des journaux proches de la présidence de la République, on s’attend à des changements majeurs dans les structures et institutions que sont le Parti démocratique gabonais (PDG), le gouvernement et le cabinet du président de la République. L’opinion est toutefois dubitative, les centres de décision étant multiples et variés depuis octobre 2018.
Constat : le scepticisme ayant accompagné les révélations de certains médias sur les mouvements annoncés et attendus reste en vigueur. Les réseaux sociaux grouillent de supputations auxquelles personne ne peut croire. Il y est, par exemple, question de l’entrée au gouvernement de certaines figures de l’opposition vivant ou exilées en France : Laurence Ndong, Alfred Nguia Banda, Alfred Mabika-Mouyama et même Séraphin Moundounga. De l’infox pur jus, selon certains de ces personnes jointes au téléphone. Aucun commentateur de l’actualité n’y a d’ailleurs cru.
Cependant, au Parti démocratique gabonais (PDG), le secrétaire général, Steeve Nzegho Dieko, a indiqué lors de sa tournée de prise de contact, en juillet dernier, avec les structures de base de sa formation politique dans le Grand Libreville que des changements vont intervenir dans tous les organes du parti, aussi bien au conseil consultatif des sages, au bureau politique et que parmi les responsables provinciaux, départementaux, communaux, d’arrondissement et des fédérations. Une véritable révolution «du sol au plafond». Mais peut-on y croire ?
De même, selon des indiscrétions de plus en plus persistantes, le cabinet du président de la République devrait également enregister un ravalement de façade. On y annonce l’arrivée de nouvelles personnalités parmi lesquelles de hauts cadres de l’administration et d’anciens membres du gouvernement. Mais peut-on y croire ?
Faire appel à d’anciens ‘’Rénos’’
Le gouvernement ? Par leurs révélations sur le ‘’coup de gueule’’ d’Ali Bongo Ondimba lors du conseil des ministres du 10 août dernier, le quotidien L’Union et le site d’information Lalibreville, réputés proches du Palais du bord de mer, ont préparé l’opinion à un changement imminent de gouvernement. Mais peut-on y croire ?
Selon d’autres sources proches de la présidence de la République, le gouvernement annoncé serait une «mixture» d’anciens Rénovateurs (courant intra PDG de la fin des années 80 et de la décennie 90) et de membres de la «Young Team». Il est question de bâtir une équipe multigénérationnelle. Après l’absence d’un réel brio des jeunes, cette idée s’impose presque naturellement. Il faut bien que la machine gouvernementale retrouve plus d’allant pour faire bouger les lignes aussi souvent que nécessaire… en tout cas de manière plus lisible qu’aujourd’hui. Adrien Nkoghé Essingone, député à l’Assemblée nationale, François Engongah Owono, sénateur, et Germain Ngoyo Moussavou, président d’une autorité indépendante, sont parmi les plus cités pour y faire leur entrée ou même pour en prendre la tête
Adeptes de Saint-Thomas
Si l’idée de ramener les «anciens amis» d’Ali Bongo aux commandes est bonne selon certains, l’opinion reste toutefois dubitative sur sa faisabilité. Moult fois, en effet, de tels changements ont été annoncés, et ne sont pas matérialisés. Les mêmes équipes étant généralement reconduites. Le scepticisme populaire tient aussi de ce que les centres de décision sont nombreux. «Il suffit que l’un des centres de décision ne soit pas en accord avec un autre pour que le projet annoncé fasse choux blanc». C’est pourquoi les Gabonais sont, de plus en plus, des adeptes de Saint-Thomas. Ils ne croient plus tant qu’ils n’ont pas vu.
«Si toutefois, cela devait se faire, il serait bien que le gouvernement mette les besoins primaires des populations au cœur de son action», souhaite un leader syndical de la Fonction publique. «Le Gabonais veut voir dans le gouvernement ou dans le cabinet présidentiel des gens de qualité, des personnalités compétentes, rigoureuses et sérieuses, des personnalités ayant de l’ambition pour leur pays, qui puissent faire en sorte que ses conditions de travail et surtout de vie soient en nette amélioration. Il faudrait en fait faire appel à l’expérience et à l’expertise, des hommes et des femmes ayant une expérience de l’action gouvernementale, de la haute administration ou de la vie politique», estime un ancien sénateur PDG de Ndjolé.