Ce 17 août, le Gabon célèbrera le 62e anniversaire de son indépendance. La commémoration ne laisse pas indifférents certains acteurs politiques qui, ce 16 août, ont décidé de s’adresser à leurs compatriotes par divers canaux. Parmi eux, Raymond Ndong Sima. Estimant que la célébration de fête nationale semble avoir du plomb dans l’aile, il a plutôt souhaité aux Gabonais, une bonne fête de la Nation en construction au-delà des difficultés du moment.
«La célébration de la fête nationale qui commémore normalement l’indépendance du pays semble avoir du plomb dans l’aile», a posté ce 16 août sur sa page Facebook, Raymond Ndong Sima. L’ancien Premier ministre gabonais n’en veut pour preuve que la morosité dans la vie économique et sociale du pays. «Le cœur n’est presque nulle part à la fête, sauf peut-être dans les corps habillés qui semblent avoir reçu de nouvelles dotations», fait-il remarquer avant d’estimer que les raisons de commémorer cet évènement sont de moins en moins évidentes.
Des villes et des provinces ramenées à la bougie et à la lampe à pétrole
«D’une part les témoins de ce moment historique en 1960 se réduisent avec le temps ; d’autre part, les performances économiques et sociales du pays ne sont manifestement pas reluisantes», a-t-il affirmé avant de relever que les Gabonais sont de plus en plus nombreux à se demander ce qu’on fête tant le tableau d’ensemble est sombre. A la clé, a-t-il énuméré, des retraités à la peine pour percevoir leurs pensions ; plusieurs jeunes à la recherche désespérée d’un emploi ; des hôpitaux publics dans plusieurs cas réduits au service minimum ; des villes et des provinces ramenées à la bougie et à la lampe à pétrole, condamnées à manger de la nourriture «congelée-décongelée-recongelée et re-décongelée etc.».
A ce tableau sombre s’ajoutent, selon lui, des routes défoncées qui provoquent une augmentation significative des accidents de la circulation ; des affaires de délinquance financière à n’en plus finir dans lesquelles tous les mis en cause ne sont manifestement pas invités à s’expliquer y compris pour laver leur honneur ; une invraisemblable boulimie d’accaparement des terrains y compris ceux déjà attribués à d’autres concitoyens dans une logique évidente d’enrichissement sans cause et de blanchiment de l’argent détourné ici et là. «Bref, les motifs de se réjouir ne sont pas légions», note Raymond Ndong Sima relavant que l’existence en soi du pays vaut la peine d’être fêtée malgré les difficultés.
L’occasion d’un réveil de notre conscience
«C’est donc l’occasion d’un réveil de notre conscience et de notre détermination à défendre cette existence que certains dénient en pratique», a posté l’ancien Premier ministre évoquant le refus à certains des cartes nationales d’identité, le manque des routes pour circuler, des hôpitaux pour se faire soigner, d’électricité pour s’éclairer, de l’eau potable. Mais aussi, la destruction des biens communs tels que la couverture maladie.
«Mais puisque l’espérance est une autre forme de vertu, il faut être vertueux, espérer que demain sera meilleur et agir pour que tel soit le cas», a-t-il conclu souhaitant plutôt une bonne fête de la Nation en construction au-delà des difficultés du moment.