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Allégations de Patrichi Christian Tanasa contre la FSBO et révélations d’Ike Ngouoni sur le financement des médias d’opposition : double standard ?
Publié le vendredi 29 juillet 2022  |  LaLibreville.com
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© Autre presse par DR
Le procès de l’ancien administrateur directeur général (ADG) de Gabon Oil Company (GOC), Patrichi Christian Tanasa, et ses trois coaccusés, a débuté ce lundi 18 juillet 2022 à Libreville, devant la Cour criminelle spéciale, pour s’achever le 20 juillet prochain.
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Les accusations de financement portées par l’ex-ADG de la Gabon Oil Company lors de son procès dans le cadre de l’opération Scorpion à hauteur (selon les sources…) de 300 à 650 millions de FCFA (sic !) au bénéfice de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba ont rendu les médias d’opposition particulièrement prolixes, suscitant leur enthousiasme et stimulant leur imagination. En revanche, face à d’autres révélations, faites quelques jours plus tard, par Ike Ngouoni cette fois-ci, lors de son procès dans le cadre également de l’Opération Scorpion, ces mêmes médias se sont murés dans un assourdissant mutisme.

« Selon que vous serez (de l’opposition ou de la majorité), les jugements (des médias) vous rendront blancs ou noirs ». C’est, pour paraphraser La Fontaine, ce sentiment qui ressort de l’analyse de la couverture éditoriale des médias proches de l’opposition à l’occasion des récents procès qui viennent de se tenir dans le cadre de l’Opération Scorpion.

Le premier, celui de Patrichi Tanasa, qui s’est déroulé du 18 au 20 juillet, a été pour eux une source d’inspiration (et parfois d’imagination) débordante. Il faut dire qu’à leurs yeux, l’institution pointée du doigt par l’ex-ADG de la GOC présentait un profil idéal : la Fondation Sylvia Bongo Ondimba. Ne soyons pas naïfs : à travers elle, c’est la première dame et le président que ces médias ont entendu viser.

Devant ses juges, Christian Patrichi Tanasa a affirmé avoir été « obligé de participer (aux activités de la FSBO à hauteur de) 150 millions (de francs CFA) à chaque Octobre rose ». Dans la foulée, l’ex-ADG de la Gabon Oil Company affirme avoir, en outre, « débloqué 400 millions (de francs CFA) pour elle. », comme l’a retranscrit un site d’information en ligne. Autrement dit, entre 2018 et 2019, la FSBO aurait perçu 650 millions de nos francs de la part de la GOC.

Ces allégations ont beau avoir été immédiatement battues en brèche par la FSBO qui a indiqué dans un communiqué n’avoir perçu de la GOC qu’un total de 10 millions de FCFA réparti entre 2016 et 2018 (lire notre article), les médias d’opposition n’en ont, au final, fait que peu de cas, préférant spontanément épouser la thèse de l’accusation.

Cette attitude n’est pas sans poser problème. Un double problème même.

Tout d’abord, d’un point de vue juridique, les médias d’opposition qui semblent très attachés d’habitude au respect du droit devraient le savoir : c’est à l’accusation de faire la preuve de ce qu’elle avance et non à l’accusé. Or, en l’espèce, qu’a-t-on ? Des allégations, autrement dit des propos de Christian Patrichi Tanasa, mais pas de preuves. A en croire l’ex-ADG de la GOC, cet argent aurait été versé « en liquide ». Ce qui présente « l’intérêt » de ne pas laisser de traces, donc de preuves contrairement à un virement bancaire, et qui est donc plus difficile à infirmer car c’est alors « parole contre parole »… Soyons sérieux. Quand on connait un tant soit peu le fonctionnement de la FSBO, conforme aux standards internationaux, on a, même avec la meilleure des volontés, peine à le croire, pour ne pas dire plus.

Ensuite, sur le plan de l’éthique professionnelle, il est intéressant de relever le contraste entre les déclarations de Christian Patrichi Tanasa et celles, faites quelques jours plus tard, également devant la Cour criminelle spécialisée de Libreville, par Ike Ngouoni. Des premières, les médias d’opposition ont fait leur choux gras. Des secondes en revanche, ils se sont empressés de les cacher, telle la poussière, sous le tapis. Il faut dire que celles-ci ne sont pas à leur avantage. Devant ses juges, l’ancien porte-parole de la Présidence a reconnu percevoir chaque mois une somme allant entre 150 et 300 millions de FCFA dont une bonne partie était destinée au financement des… médias proches de l’opposition.

On s’étonne que ces révélations n’ont pas fait bondir certains de nos confrères. Voire – on peut rêver – susciter chez eux un début d’autocritique. Mais peut-être y aurait-il encore mieux à faire…

Suite aux déclarations de Christian Patrichi Tanasa, certains médias – animés par les meilleures intentions, n’en doutons pas – ont cru bon devoir conseiller à la FSBO de porter plainte contre l’intéressé. Question : pourquoi ne s’appliquerait-il pas à eux-mêmes leur bon conseil en portant plainte à leur tour contre l’ancien porte-parole de la Présidence afin de laver leur honneur ? « Chiche ! », pour reprendre une formule désormais célèbre de Me Anges Kevin Nzigou.

Une autre solution, plus simple encore, consisterait pour eux à prendre la plume et… démontrer leur innocence (puisque, semble-t-il, il revient à l’accusé de le faire). Après tout, le procédé est aisé et pourrait s’avérer efficace.

S’appliquer à soi-même ce que l’on préconise aux autres est, chacun en convient, un bon principe. Sauf, ici aussi, à assumer de faire preuve de double standard, d’un deux poids deux mesures.
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