Une semaine après la sortie de l’ombre de l’ancienne présidente de la branche féminine du Parti démocratique Gabon (PDG), Victoire Lasseny Duboze, les critiques et interprétations diverses autour du geste de celle qui fut l’une des trois femmes en lice pour l’élection présidentielle anticipée de 2009, ont une réponse, selon ancien directeur de cabinet politique, Augustin Ondong Mba,qui s’est prêté aux questions de Gabonreview.
En tant qu’ancien directeur de cabinet de Victoire Lasseny Duboze et pour être resté au PDG malgré sa démission, quelle impression avez-vous eu de son retour dans le parti ?
Madame réintègre les rangs du Parti démocratique gabonais, mes premières pensées vont auprès du président fondateur du parti démocratique gabonais, feu Omar Bongo Ondimba. C’est le président Bongo qui avait fait éveiller à la carrière de madame Duboze et c’est vraiment malgré lui qu’il avait dû rendre à cette dernière la liberté lorsqu, fatiguée de recevoir les coups bas de ses camarades, elle avait décidé en son âme et conscience au mois de janvier 2009, de rendre son tablier de sénateur du premier arrondissement de Libreville. Je pense également au distingué camarade président de notre parti, son excellence Ali Bongo Ondimba, qui vient de nous faire la démonstration s’il en était besoin en ramenant madame Duboze et d’autres personnalités de la société civile, nombre de parti et même certain de l’opposition autour de sa nouvelle vision renforcée pour le mieux-être de tous les Gabonais. C’est pour nous, militant du premier arrondissement l’occasion de le remercier. Enfin À titre personnel, c’est pour moi un grand bonheur de revoir madame Duboze dans nos rangs. C’est une joie immense qui m’habite. C’est un évènement attendu depuis longtemps. Moi qui, comme nombre de camarades qui ont travaillé avec elle, avons souffert de son absence. Son retour, nous l’espérions depuis très longtemps, ne peut être qu’une bonne chose. Mais ce n’est pas ça le plus important parce que ce ne sont pas nos petites conditions qui intéressent les Gabonais.
Pour rappel, peut-on savoir quelles avaient été les raisons de sa démission au PDG?
Cette question permet de mieux éclairer les Gabonais qui croient que madame Duboze ferait partir de ceux qui s’étaient opposés à l’intérieur du parti à la candidature d’Ali Bongo Ondimba, en l’occurrence tous ceux qui prônaient le «tout sauf Ali» au mois de juillet 2009. Je venais de rappeler tout à l’heure que c’est malgré lui qu’en janvier 2009 le président fondateur, feu Omar Bongo Ondimba, avait accepté de rendre sa liberté à madame Duboze. Si nous remontons un peu plus loin, le 4 octobre 2008, alors que madame Duboze était hors du Gabon personnellement, avec nombre de nos camarades au 1er siège du 1er arrondissement de Libreville, nous avons tenu une réunion à laquelle participaient près de 4000 militants, lesquels avaient répondu à notre appel adressé à madame Duboze pour lui dire de rester. Nous la savions déjà très fatiguée par le trop grand nombre de coups bas qu’elle avait reçu de ses camarades à l’intérieure du parti. Et en janvier 2009 elle est allée au bout de cette décision car trop fatiguée de recevoir ces coups et le président a dû accepter de la libérer. Elle avait décidé à cette époque de se mettre en réserve de la politique. Ce qu’elle a fait durant les cinq dernières années. Elle n’a jamais milité ailleurs.
Donc les raisons ce sont les intrigues, les coups bas, les humiliations, les frustrations, la misogynie, c’est le sentiment de ne plus être soutenu qui ont fait en sorte qu’elle se retire. En octobre 2008 déjà, elle avait muri la décision de déposer son tablier de sénateur, poste qu’elle a laissé à un camarade du premier arrondissement. Beaucoup croient qu’elle se serait opposée au mois de juillet-aout 2009 au président Ali ce qui est faux. Elle est partie avant et au moment des élections présidentielles anticipées elle a tenu comme bien d’autres femmes à faire entendre la voix des femmes. Cela n’a rien à avoir avec l’idée d’une quelconque opposition ou défiance au PDG encore moins au camarade Ali Bongo Ondimba.
Avec ce retour pense-t-elle que les conditions devant lui permettre de militer en toute quiétude seront réunis par rapport à celles d’il y a plus de cinq ans, qui l’ont amené à quitter les rangs du PDG ?
J’ai lu ici cette inquiétude, qui émane d’un certain nombre d’observateurs. Quelqu’un disait les personnes qui avaient œuvré à son départ son toujours là et est-ce qu’on ne va pas repartir vers la même chose ? Je ne crois pas pour une raison simple, le distingué camarade président est dans une phase de reprise en mains du parti dont il est à la tête. Ce n’est pas fortuite que son retour se soit fait dans le cadre d’une cérémonie républicaine au palais de la présidence de République en face non seulement du distingué camarade président du parti mais du président de la République, je crois que là, il y a un signal fort qui indique bien que le contexte est différent pour lui permettre de travailler de nouveau en toute sérénité comme ça avait été le cas par le passé.
Ses détracteurs estiment que loin des affaires durant les cinq dernières années, elle aurait traversé des périodes de difficultés financières la contraignant aujourd’hui à regagner les rangs du PDG. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ?
Je ne suis pas habilité à vous dire quels sont les moyens de subsistance de madame Duboze, mais je peux quand même vous rappeler que madame Duboze a été de longues années ministre. Elle a été longtemps député, sénateur et très longtemps présidente du groupe parlementaire du groupe PDG au Senat. Elle a été PCA de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG). À côté de ça, c’est une personnalité qui a su développer un certain nombre d’affaires, donc sans dévoiler ici des secrets sur son patrimoine, une personnalité avec un tel parcours administratif est à l’abri du besoin. Durant ces cinq dernières années, parmi ses affaires, parce qu’elle s’investit non seulement pour les enfants de la rue pour lesquels, elle a initié la construction d’une maison d’accueil qui est en voie d’achèvement, elle a construit une école de musique. Lorsqu’on est dans le besoin, on ne fait pas de tels investissements qui doivent servir à la communauté nationale.
Qu’est-ce qui aujourd’hui a bien pu favoriser le retour de Lasseny Duboze ? Pourquoi n’avoir attendu que maintenant pour revenir au PDG et pas avant ?
La première chose qu’il faut savoir c’est que nombreux parmi nous (militants, sympathisants, et membres de la société civile) n’ont jamais cessé de lui demander de revenir pendant toutes ces années. Elle a voyagé, elle a écrit des œuvres littéraires et même présenté ses poésies à l’étranger, elle s’est occupée sur le plan religieux et culturel. Ces moments je n’en doute point ont été des instants d’intenses réflexions où elle a pu se retrouver avec elle-même pour qu’aujourd’hui elle puisse revenir.
ous avez raison de vous interroger sur les circonstances actuelles de son retour car lorsqu’on entend les critiques qui disent qu’elle revient pour manger ce qui est faux car si tel était le cas, le meilleur moment eut été de revenir par exemple aux élections de 2011 pour essayer de récupérer son poste de député. Elle a eu encore une occasion-là en 2013 pour les locales, elle serait revenue avant pour tenter d’obtenir ne serait-ce qu’un poste de conseiller municipal avec ambition sur un poste de sénateur. Il y a le temps des hommes et celui de Dieu. Je ne crois pas au hasard. Le fait que ce retour a été annoncé, organisé en ce mois de juin où nous célébrons les 5 ans d’anniversaire de notre feu président fondateur du parti de masse, moi je crois à la force des esprits. Ni trop tôt, ni trop tard, elle revient au moment où le distingué camarade, président du parti et président de la République, renouvèle et renforce sa vision sociale du Gabon, laquelle vision nécessite la mobilisation de toutes les forces vives de la nation.
Pensez-vous que ses camarades lui redonneront la place qui était la sienne au regard de son passé ?
Madame Duboze, je la connais un peu pour avoir été son directeur de cabinet politique pendant quelques années, au regard de l’acte qu’elle a posé en janvier 2009, n’est pas attachée aux fonctions, nombre de ses camarades ont toujours vu en elle au-delà d’une femme, un homme politique au sein du parti elle a occupé quasiment les plus hautes fonctions. Elle a été membre du bureau politique, elle a été secrétaire général adjoint du PDG. Aujourd’hui elle a changé. Plus le vin vieilli mieux il est bon. Elle regarde j’en suis sûr, toutes ses expériences difficiles avec beaucoup d’enseignement et de tolérance. Elle a pardonné à ses camarades qui ont accueilli avec joie son retour. Quant au rôle qu’elle devra jouer, elle s’est mise à la disposition du distingué camarade président, il ne revient qu’à lui seul de déterminer ce qu’il attend d’elle sachant que c’est une femme de terrain.