LIBREVILLE - Jean Ping, candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2016 au Gabon face au candidat de la majorité présidentielle, a débuté avec succès samedi sa première tournée dans le Gabon profond par Franceville, dans le Haut-Ogooué, où un millier de personnes environ, selon les organisateurs, ont assisté à son meeting de prise de contact avec les populations.
Bien entouré par plusieurs cadres politiques et amis issus de cette province, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, a d’entrée présenté les enjeux et sa vision pour un nouveau Gabon. Il a souhaité une forte adhésion pour le candidat qui sera désigné par l’opposition et plus de cohésion dans ses rangs non sans présenter un large aperçu de la situation politique et économique du pays et les raisons qui le poussent à solliciter les suffrages des Gabonais, s’il était désigné candidat de l'opposition à l’élection présidentielle de 2016.
Comment remettre sur les rails un pays de 1,8 million d’habitants doté de suffisamment de ressources ( mais inégalement réparties) et dont le développement n’est pas en adéquation avec ses potentialités. Traditionnel fief électoral du Parti Démocratique gabonais (PDG-au pouvoir), le Haut-Ogooué a toujours permis au candidat de la majorité de faire le plein de voix dans cette province (qui lui est acquise) grâce à un astucieux découpage électoral des circonscriptions datant des années 70.
Critiqué par le parti au pouvoir et un pan de la presse nationale
Si les critiques au sein du parti au pouvoir et la campagne de dénigrement orchestrée par une certaine presse n'altèrent en rien la détermination de Jean Ping d’aller de l’avant. Cette situation plaide en sa faveur car elle galvanise un homme déterminé à aller au terme de son combat.
Jean Ping n'a plus rien à voir, absolument plus rien à voir avec les autorités de son pays, avait-il clamé haut et fort. L’ancien président de la Commission de l’Union africaine (CUA) avait démissionné en février 2014 du PDG après y avoir adhéré et servi pendant plusieurs années.
Dans sa lettre de démission adressée par Jean Ping au Secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, il affirmait avoir décidé, après une longue qui ne pouvait le laisser indifférent, de rompre le silence observé depuis mon départ de la présidence de la Commission de l'Union africaine, s'étant 'volontairement abstenu de toute intervention dans le débat politique national.
Une riche carrière politique
Titulaire d’un doctorat d’Etat en Sciences économiques à l Uuniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne, M. Ping a débuté une carrière de diplomate en 1972, comme fonctionnaire international à l’Unesco à Paris, puis de 1978 à 1984, comme Délégué permanent du Gabon avant de s'engager dans la politique de son pays. En 26 février 1990, il est nommé ministre de l’Information, des Postes et des Télécommunications, du Tourisme et des Loisirs, de la Réforme du secteur parapublic, chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement.
Il n’occupe que brièvement cet office avant de passer, le 29 avril 1990, à la tête du ministère des Mines, de l’Energie et des Ressources hydrauliques, poste qu’il occupera jusqu’en juin 1991, puis à nouveau pendant dix-neuf mois, du 28 août 1992 au 24 mars 1994, tout en présidant parallèlement, en 1993, l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP), dont le Gabon était membre. Le 25 mars 1994, il devient ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, avant d'hériter, le 30 octobre de la même année, du portefeuille du ministre délégué auprès du ministre des Finances, de l’Economie, du Budget et de la Privatisation.
Pendant deux ans, du 27 janvier 1997 au 25 janvier 1999, il occupera le poste de ministre de la Planification, de l’Environnement et du Tourisme du Gabon, avant de retourner au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, en qualité de ministre d’Etat également chargé du portefeuille de la Francophonie. C’est au cours de ce dernier mandat ministériel de neuf ans qu’il avait présidé, en 2004-2005, l’Assemblée générale des Nations unies dont il fut le 59ème président.
Il restera à la tête de la diplomatie gabonaise jusqu’à son élection le 6 février 2008 à la présidence de la Commission de l’Union africaine.
Né le 24 novembre 1942 à Omboué, au sud de la capitale économique gabonaise Port-Gentil, il est député de l’Ogooué-Maritime, sa province d’origine. Elu pour la première fois en 1996, sous les couleurs du Parti démocratique gabonais (PDG, ex-parti unique, au pouvoir), après un premier essai infructueux six ans plus tôt, il a été réélu en 2001.
Conscient que la bataille pour le palais du bord de mer de Libreville passe par Franceville et les autres villes du pays qu’il sillonnera, sans relâche, au cours des prochains mois, Jean Ping continue de tisser sa toile « de mobilisations et d’adhésions » au niveau national avant d’arrimer celle-ci à son carnet d’adresse international. Une chose est certaine, à ce nouveau, il ne fera pas de quartiers.