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Paul Okili-Boyer : Décès de l’homme qui en ‘savait trop’ sur Ali Bongo
Publié le mardi 19 juillet 2022  |  Gabon Review
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Ancien prisonnier politique et baroudeur au long cours, témoin clé supposé de Pierre Péan quant aux origines du président gabonais, Paul Okili-Boyer est décédé en France, le jour de son anniversaire. Flash-back sommaire sur sa vie énigmatique.

Ancien détenu politique (1975-1983) pour «atteinte à la sûreté de l’Etat et outrage au chef de l’Etat», ancien ministre du gouvernement en exil du BDP (Bongo Doit Partir), Paul Okili-Boyer est décédé dans la matinée du 17 juillet 2022, jour de son anniversaire, dans son domicile de Carcassonne en France.

«Témoin clé» de Pierre Péan dans «Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon»

Pour la jeune opinion publique gabonaise, Paul Okili-Boyer est surtout connu pour avoir alimenté la chronique autour de la sortie, en 2014, du livre de Pierre Péan, «Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon».

«Paul Okili-Boyer, recruté à dix-huit ans pour participer à certaines missions à bord du DC3 de Transgabon : après s’être pénétré de quelques rudiments militaires au camp de Gaulle, il alla à quatre reprises au Biafra et en ramena des enfants qu’il faisait monter de nuit, en hâte, dans la carlingue ; il leur collait sur le visage des sparadraps où étaient inscrits quelques renseignements succincts sur leur identité, avant de les faire s’allonger», a écrit Pierre Péan. Pour l’écrivain et journaliste d’investigation, Okili-Boyer est un témoin clé. Il n’en fallait pas plus pour que les forts en thèmes gabonais en déduisent qu’Okili-Boyer savait la vérité sur les origines d’Ali Bongo, vu qu’il l’aurait ramené du Biafra.

Il faut dire que dans certaines vidéos datant de 2009, l’homme soutenait littéralement cette thèse. Mais, en 2014, au plus fort de l’affaire Péan, il finit par se contredire lui-même. Le conflit biafrais ayant eu lieu de juillet 1967 à janvier 1970, Okili-Boyer déclara dans une nouvelle vidéo qu’«en 1965, je connaissais très bien Albert Bernard Bongo qui habitait avenue de Cointet à Libreville, et (…) j’ai vu très souvent Marie Joséphine Bongo avec le petit Alain-Bernard, puisque mon oncle Georges Damas Aleka était à cette époque président de l’Assemblée nationale». Nombreux y virent un appel du pied visant à monnayer son témoignage. Au terme d’une descente à Libreville au cours de laquelle il aurait rencontré quelques pontes du palais présidentiel, Paul Okili-Boyer se tu à jamais sur la séquence biafraise de sa vie.


Paul Okili-Boyer. © D.R.

Baroudeur énigmatique

Mais la vie de Paul Okili-Boyer est elle-même tout aussi énigmatique. L’homme est né le 17 juillet 1950 à Libreville d’un père Français, Hubert Boyer, contremaitre dans une exploitation forestière, et d’une mère Gabonaise présentée comme «la fille de la sœur de Georges Damas Aleka» (le compositeur de l’hymne national gabonais, ancien ambassadeur du Gabon en Allemagne puis ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon). Il part en France avec son père malade et revient au Gabon, en 1967, après le divorce de ses parents.

À ce qu’il a raconté à un journal provincial français, il a fréquenté l’Ecole militaire de Saint-Cyr et a fini lieutenant dans le 2ème Régiment étranger parachutiste. Il a également raconté que du fait de ses origines, il fut contacté par Jacques Foccart, alors secrétaire général de l’Elysée en charge des affaires africaines. Celui-ci l’envoie alors au Gabon «pour une opération spéciale». Il aurait infiltré l’armée gabonaise dans laquelle il serait devenu capitaine avant que sa mission secrète ne soit découverte.

Prison et activisme politique

Pour «atteinte à la sureté de l’Etat» révélé par un expatrié français nommé Georges Conan, alors Colonel et chef de la Police politique gabonaise, il est condamné à 15 ans de prison. Du fait des remises de grâce par le président Omar Bongo, il ne passe finalement que 2 ans dans la prison de ‘Sans-Famille’, le pénitencier de Libreville. Il repart alors en France, puis est renvoyé au Gabon. Il raconta s’être à nouveau retrouvé en prison, pour des raisons politiques, jusqu’en 1983.

Opposant éternel au régime Bongo, Paul Okili-Boyer a connu un exil «volontaire» de plus de 20 ans en France. Il a tour à tour milité au Mouvement de Redressement National (Morena), au Forum des Démocrates et des Républicains, et à la Renaissance du Bloc Démocratique Gabonais, même si, en décembre1982, il avait créé le Front d’action gabonais. Il sera ensuite ministre de l’Intérieur, chargé de la Protection du citoyen et de la Défense nationale du gouvernement gabonais de salut national en exil, mis en place par le mouvement BDP (Bongo doit partir). Il en est exclu en juin 2003 pour avoir annoncé la fin de son combat contre Omar Bongo et donné raison aux choix politiques de celui-ci.

Okili-Boyer se battait pour l’instauration de la démocratie au Gabon et pour la convergence des Gabonais vers les idéaux que sont l’union, le travail, la justice et la paix sociale. L’année dernière, il a été frappé par un accident vasculaire cérébral (AVC) dont il ne s’était pas vraiment remis. Il avait 72 ans.
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