Roland Désiré Aba’a Minko, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, sorti de prison le 27 juin dernier après 5 années d’emprisonnement, s’est exprimé ce 18 juillet. Porteur d’une offre de paix, il demeure dans sa démarche visant à «sortir le Gabon de la léthargie dans laquelle il se trouver aujourd’hui». Il propose d’adopter un «modèle de système politique non-démocratique» pour remplacer «le pouvoir démocratique vidé de sa substance».
Auteur d’un canular relatif à un dépôt de bombes factices dans plusieurs édifices publics en juin 2017, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, Roland Désiré Aba’a Minko est sorti de prison le 27 juin dernier. Après 5 années de privation de liberté, il n’a pas perdu de sa superbe et entend revenir au-devant de la scène. Il a animé, ce 18 juillet, à Libreville, sa première conférence de presse pour faire le point et surtout pour réaffirmer ses positions et présenter son offre politique portant sur la paix, destinée autant au pouvoir qu’à l’opposition.
Roland Désiré Aba’a Minko, avant son propos, genoux à terre, a rendu hommage à ceux disparus pendant sa détention. Il a également demandé pardon au peuple pour son geste, son canular qui a fortement choqué, même s’il le revendique comme étant «un canular politique» dans le but de la «dissuasion», d’«abuser de l’intelligence des adversaires» et d’«attirer l’attention sur la situation chaotique du pays».
Se présentant comme un «Citoyen patriote» et expliquant que le système politique gabonais «ne satisfait pas les besoins primaires du plus grand nombre», il fait savoir que ce «modèle de gouvernance peut-être qualifié de système oligarchique-aristocratique». Pour lui, on peut déduire que «la notion de République démocratique dans notre pays n’est pas le pouvoir pour le peuple, c’est plutôt une organisation d’hommes et de femmes qui se considèrent comme la République et la force de l’Etat».
Un système qu’il nomme logiciel politique et qui, selon lui, «héritage du colonisateur, a démontré ses limites pour le développement» du Gabon et «a confisqué notre liberté politique, économique, et sociale tant rêvée par les hommes et les femmes qui aiment la terre de nos ancêtres». Face à cette situation, Désiré Aba’a Minko indique qu’à travers le monde, il y a des «modèles de systèmes politiques non-démocratiques qui font leurs preuves pour le développement économique, social et culturel». «L’expérience des élections ne nous a rien produit. Ce n’est pas la voie des élections qui peut nous conduire à un changement de régime», a-t-il laissé entendre.
«Le pouvoir démocratique est vidé de sa substance»
Il estime alors que «nous pouvons ensemble, innover ou inventer une démarche politique qui rime avec nos réalités, mettre en place un modèle politique conçu par les fils et filles du pays».
S’inscrivant dans une démarche visant à sortir le Gabon de la léthargie, l’ancien candidat qui continue de demander la révision des accords entre le Gabon et la France, assure qu’il ne va pas «rejoindre pieds et mains liés» comme beaucoup l’ont fait avant lui «le système politique en place». Il dit être porteur d’une offre de paix non pas seulement pour le président Ali Bongo, mais également pour ceux qui s’assoient à la table du pouvoir. Il insiste particulièrement sur le fait que «si les Gabonais ne retrouvent pas la paix du cœur, la vraie paix, rien ne marchera».
Même s’il ne précise pas encore ses vues sur une éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, il fait comprendre que de ses échanges avec la classe politique gabonaise et les autorités diplomatiques dans le pays, dépendra son projet politique. Là encore, il note que «pour l’instant, (…) le jeu politique en vigueur a atteint ses limites avec l’élection présidentielle d’août 2016, au regard des stigmates enregistrés dans la conscience populaire».
«Les notions d’État et de Nation sont devenus de vains mots parce que les détenteurs de l’autorité et le citoyen travaillent sans amour pour le pays», a-t-il dénoncé, non sans faire savoir que «le pouvoir démocratique est vidé de sa substance» et «c’est le résultat de 60 ans d’exercice d’un système politique qui tue le rêve et décourage l’ardeur à l’union, au travail et à la justice».
Pour marquer son retour à la liberté, Aba’a Minko rencontrera ses compatriotes dans les jours à venir. En outre, il compte ériger un monument à Bitam, son village natal, «en l’honneur de l’Eternel notre Dieu, le Dieu de vérité, le Dieu de justice». Il prépare également un ouvrage de portée mystique et symbolique, reflétant ses capacités physique, intellectuelle et spirituelle à agir politiquement, socialement et économiquement pour le bien de tous.