Le pain se fait rare dans les boulangeries et épiceries des quartiers de Libreville. Tel est le constat fait ces dernières semaines dans la capitale gabonaise où avoir une baguette de pain relève particulièrement de la chance. Les prix ont grimpé, la farine manque et se négocie à plus de 30.000 francs le sac de 50 kilogrammes et la population trinque.
On risque vraisemblablement désormais de parler de la crise du pain au Gabon. Aliment très prisé et sollicité par la population, cette denrée se faire rare et même très rare dans les villes du pays. Pour justifier cette absence, des voies autorisées invoquent la guerre entre l’Ukraine et la Russie ayant provoqué la pénurie de farine dont le principal intrant est le blé. D’autres parlent de surenchère faite par les opérateurs économiques «afin d’en tirer le maximum de profit». Toujours est-il que la population, elle, vit le calvaire.
Entre la vie chère imprimant inéluctablement sa marque au Gabon et les pénuries, les Gabonais ne savent plus à quel saint se vouer. Au-delà de la hausse des prix de l’huile, du riz, du savon ; le prix du pain, l’un des produits de l’alimentation de base des Gabonais s’est récemment envolé. Ces dernières semaines, selon qu’on se trouve dans telle ou telle région du pays, le prix de la baguette de moins de 200 grammes varie désormais entre 150 francs et 200 francs.
«Ça fait des heures que je marche de boutiques en boutiques pour chercher le pain. Mais il n’y en a pas. Les boutiquiers disent que la farine manque», s’est désolé un jeune homme à la recherche du pain.
Le pain se fait rare, la raison invoquée : la rareté de la farine sur le marché. «On nous parle de guerre entre la Russie et l’Ukraine, mais on ne sait vraiment pas ce qu’il se passe. On sait seulement que les prix des sacs de farine ont augmenté», a indiqué une «Maman-gâteaux».
Selon cette vendeuse de beignets «un sac de farine coutait 17 000 francs en temps normal et les grossistes le revendaient à 16 200 francs CFA. Aujourd’hui, le sac de farine de 50 kg se négocie à plus de 30.000francs CFA». La situation a fait grimper le prix de la baguette, «le pain de 200 grammes qu’ils ont même réduit à 180 grammes, est passé de 125 à 150 voire 200 francs CFA» affirme un boutiquier.
Le constat dans les rues de Libreville est désormais aux longs rangs, devant les boulangeries. Face à cette situation, les boulangers ont décidé de rationner. «On ne vend plus les quantités que souhaitent les gens. On leur donne entre 8 et 10 pains pour permettre à tout le monde d’en avoir un peu», a fait savoir un boulanger de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement.
Certains boulangers accusent les entreprises meunières de vouloir faire de la surenchère. «On sait comment ça se passe. Ils gardent la farine pour provoquer la pénurie et augmenter les prix».
Cependant, le directeur général de la Société meunière et avicole du Gabon (Smag), Bruno Lardit, a indiqué que son entreprise «dispose de suffisamment de stock de blé pour couvrir l’intégralité du marché national». Pour lui, «les carences rencontrées par certaines boulangeries et le manque de pain y relatif, sont plutôt la conséquence d’un défaut, voire d’un arrêt des approvisionnements de farine de la part d’autres fournisseurs que la Smag».