Libreville – La récente session criminelle tenue à Lambaréné sur l’affaire de l’assassinat du transporteur camerounais Amadou Yogné a été des plus expresses tant la justice a été rendue dans ce procès par des hauts magistrats expérimentés et supérieurs hiérarchiques des magistrats en poste à Lambaréné.
Le verdict des hauts magistrats est clair, Jolvy Sembé Hinzé est reconnu coupable d’assassinat sur la personne du transporteur Amadou Yogné, et condamné à 22 ans de réclusion criminelle. Mieux, la motivation de ce verdict conclut au crime crapuleux de Jolvy Sembé Hinzé qui a convoité le véhicule du transporteur camerounais pour l’offrir à la mère de sa dulcinée.
Quant à la fameuse implication de Rigobert Ikambouyat Ndeka et deux autres personnes, l’assassin a avoué en pleine audience publique que ce sont les officiers de police judiciaire (OPJ) et le Procureur de Lambaréné qui lui ont dit de les citer.
Une grave déclaration de l’assassin qui normalement devrait amener les hauts magistrats de la cour criminelle à exiger les explications des policiers et du procureur sur cette déclaration confortée par les décisions antérieures de non lieu prononcées en faveur M. Ikambouayat Ndeka et de relaxe des deux autres personnes interpellées.
En effet, autant on pourrait parler d’une bavure des OPJ, autant on peut parler d’une grave faute professionnelle du Procureur, qui ne sauraient rester impuni, quand on se souvient du cas du procureur de Mouila qui a subi les foudres disciplinaires de ses ainés magistrats pour des faits de corruption.
Et on pourrait se demander s’il n’y a pas également eu corruption des OPJ et du procureur dans l’affaire de l’assassinat d’Amadou Yogné.
Encore qu’à coté de ce qui apparait désormais comme des fautes professionnelles des agents et du procureur de Lambarené, plane l’ombre d’une instrumentalisation de ces professionnels de la justice par un supérieur hiérarchique.
Car comble de coïncidence, un célèbre haut magistrat de Booué, la même contrée politique que Rigobert Ikambouayat Ndeka, se trouve être un supérieur hiérarchique du procureur de la république et des officiers de police judiciaires de Lambaréné. Plusieurs journaux avaient en leur temps divulgué son identité.
C’est dire l’influence de l’homme dans le système judiciaire gabonais, autant à Libreville qu’à l’intérieur du pays.
Mais la problématique que soulèverait cette éventuelle instrumentalisation du procureur et de ses OPJ de Lambaréné par un supérieur hiérarchique est finalement que ce serait ces derniers qui restent exposés aux sanctions disciplinaires parce que les actes qu’ils auraient posés sur l’éventuelle instruction de leur chef n’ont aucune base légale.
En effet, il apparaitrait dans cette affaire que les prélèvements de la langue et du sexe, tels que prétendus publiquement par le procureur de Lambaréné ne procèdent pas du procès-verbal du médecin légiste.
Mais en plus, la preuve que les proches de M. Ikambouayat Ndeka auraient effectués ces prélèvements n’a pas été apportée.
De sorte que les déclarations de l’assassin devenaient purement mensongères car contraires aux constatations du médecin légiste.
D’où la faute professionnelle susceptible des sanctions disciplinaires à l’encontre des OPJ et du procureur de Lambaréné qui n’ont pas suivi les constatations du médecin légiste.