BARRIÈRES brisées, buses éventrées, arbres déracinés, de l’eau plus proche du littoral. Le long des plages, de Tahiti à la baie d’Akouango en passant par la Sablière et Cicitok à Alenakiri, l’érosion côtière à Libreville est désormais une réalité. Constat !
Plage du Maïsha à la Sablière. Ce matin, on fera fi de la beauté des paysages, de ces troncs d'arbres polis par l'action de l'eau jonchant le sable et qui apportent une touche de gaieté à l'ensemble. Guidées par Landry Lignabou, président de l'ONG Plurmea (Programme de lutte pour la réhabilitation et protection des mangroves et écosystèmes aquatiques), les équipes de L'Union sont ici pour constater l'ampleur des dégâts causés par la destruction graduelle du trait de côte. Sur cette plage du Maïsha, d’énormes badamiers sont couchés, racines en l’air. Assurément déracinés par la force des vagues contre leurs troncs. Certains semblent être en train de se régénérer. Plus loin, des sortes de digues de protection pour freiner l’avancée de la mer ont visiblement été impuissantes face à la force de l'eau. Elles sont brisées. Plus avant, ce sont des buses de déversement d’eaux domestiques qui sont détruites, cassés en de gros morceaux par endroits.
En poursuivant la balade, l’érosion côtière est prononcée avec des nivellements allant jusqu’à un mètre. Au loin la barrière d'un domicile complètement détruite par l’action de l’eau de mer. À un jet de pierre, une autre est en train d’être désossée… et d’autres buses encore brisées s’étalent avec désolation sur le sable. Du côté du Cap Santa Clara, la rivière Akouango, située dans la commune d’Akanda, entre la Sablière et le cap Santa Clara, a vu son lit s'élargir. De simple filet, l'embouchure est devenue un grand cours d'eau. Une situation qui a conduit les riverains à ériger un mur de cailloux, pour essayer tant bien que mal de contenir l’eau. Jusqu’à quand ? Autre phénomène observable à Akouango, la réduction de la baie de sable qui s'étendait ici, submergée par les eaux qui ne cessent de monter et de grignoter lentement mais sûrement la plage. ''Avant cette baie était plus grande. Et regardez ce qu'il en reste. C'est la preuve irréfutable que l'eau se rapproche des terres'', explique M. Lignabou.
Autre décor : Owendo. Plus précisément au débarcadère de Cicitok, (la terre n’est pas petite, en langue fang), à Alenakiri, pour observer l'étendue des dégâts des eaux due au phénomène de la montée des eaux dans cette partie sud du Grand Libreville. Au loin, l’île Perroquet étale la verdeur de ses paysages recouverts d'une brume matinale. À ses côtés, la pointe de Silani. Ce n'est pas la beauté du site qui a conduit les équipes de L'Union en ces lieux. Mais l'eau qui, de plus en plus, gagne sur les terres. On peut, en effet, apercevoir désormais noyées, des fondations d'un ancien chantier forestier. Bruno Oke, pêcheur et habitant de la zone depuis 1990 s'en souvient : ''Quand j'étais petit, il y avait un parc à bois ici, on jouait souvent là où vous voyez l'eau là'', lance-t-il, désignant du doigt, un lieu recouvert désormais d'eau. "Là où vous apercevez les pirogues stationnées, il y avait une maison. Face à l'avancée inexorable de l'eau, les hommes sont obligés de reculer". Ce que confirme Gabriel Mba, forestier, lui aussi et habitant du coin depuis quelques décennies : ''Quand on était petit, l’eau était très loin. Aujourd’hui la mer s’est rapprochée.
Bientôt peut-être que toutes les maisons qui résistent là vont être submergées et leurs occupants n'auront plus d'autre choix que de les abandonner". Comme à la Sablière, il y a aussi à Cicitok, le phénomène de constructions brisées par la force de l'eau. Mais comment en est-on arrivé là et comment se prémunir contre les effets dévastateurs de l'érosion côtière ?