Négociations mal engagées, foultitudes de revendications, politique de l’autruche… le climat est toujours délétère entre la société pétrolière chinoise Addax Petroleum Oil & Gas Gabon et ses salariés qui ont tout de même décalé leur date d’entrer en grève générale et illimitée du 8 au 15 juin prochain.
Selon une copie d’un nouveau préavis de grève déposé ce 2 juin auprès de la Direction de l’entreprise, l’ultimatum de la grève est repoussé au 15 juin prochain.
Addax Petroleum Oil & Gas Gabon a donc un délai supplémentaire pour engager des réelles négociations.
Les salariés, opérant sous la bienveillance de l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP), ont de leur côté alourdi la liste des revendications dont beaucoup sont des préalables à satisfaire pour éviter une réduction de la production de 40% pétrolière dès le 16 juin à 0h01.
« L’ONEP vient, conformément aux dispositions des articles 302 et 379 du Code du Travail en vigueur en République Gabonaise, porter à votre attention le présent préavis de grève qui cours jusqu’au Mercredi 15 juin, à 23 heures 59 minutes », peut-on lire sur le préavis.
« A l’expiration dudit préavis, l’ONEP se réserve-t-elle le droit de lancer une grève illimitée sur toutes les installations (Sites et Base) où opère la société APOGG, si les préalables ne sont pas satisfaits », avertissent les salariés.
Préalables
La fin imminente du Contrat d’exploitation et de partage de production (CEPP) de Dinonga & Irondu (D.I) est le principal fait déclencheur de la crise. Les ouvriers qui travaillent sur ce site dont le contrat de 10 ans avec l’Etat gabonais est non renouvelable craignent de se retrouver au chômage du jour au lendemain. Ils exigent plusieurs avantages avant la fin effective du bail avec l’Etat.
Profitant de cette situation, les employés alignent une série impressionnante de revendications.
Ils exigent la présence, avant toute discussion, d’un représentant de SIPC (Groupe Sinopec) ayant un mandat lui conférant le pouvoir décisionnel sur l’ensemble des points du présent cahier de charges.
Ils réclament l’octroi d’un Bonus de Bonne séparation, en sus des droits légaux, suite au non renouvellement du CEPP Dinonga & Irondu et à l’approche de la fin de celui-ci, soit 4 mois de salaire brut par année d’ancienneté.
Le remboursement des impôts, taxes et retenues sociales indûment prélevés sur les salaires des travailleurs depuis 2011 constitue l’autre préalable posé par les travailleurs. Le paiement des sommes équivalentes doit être effectif au plus tard le 30 juillet 2022, selon eux.
Il y a aussi le paiement des sommes dues au titre des droits légaux mal calculés pour les Ex –Employés d’APOGG (Retraite, Départ volontaire) depuis 2016. Le paiement devant s’effectuer à fin juin 2022 au plus tard. Re-paramétrage éventuel du logiciel de paie afin de rectifier toutes les erreurs relevées ;
Ils demandent aussi des compensations financières des jours travaillés sur sites et non récupérés du fait de l’employeur, dans la période de covid-19 comprise entre mars 2020 et février 2022. Le paiement des sommes équivalentes, calculées selon la pratique interne, doit être effectif au plus tard le 30 juin 2022. A défaut, une prise effective dudit repos se fera dès le 15 juin 2022 par l’ensemble des employés concernés par cette récupération due.
Le dernier préalable porte sur le paiement d’un bonus mensuel équivalent à 25% du salaire de base pour les employés de la société Addax Petroleum Oil & Gas Gabon (APOGG) qui exercent également pour le compte de la société Sino-Gabon, avec effet rétroactif depuis 2016.
« La non-satisfaction de ces Préalables, entrainera le déclenchement de la grève à l’expiration du préavis, à savoir le 16 juin 2022 à partir de 00heure 01minute », avertissent les travailleurs.
Revendications
Mise en retraite des travailleurs ayant dépassé l’âge limite de départ en retraite fixé par la règlementation en la matière.
Paiement de la prime covid-19 due aux employés concernés pour la période du 20 avril 2020 au 30 novembre 2020.
Améliorer les conditions de vie, de sécurité et de santé des travailleurs des sites de Dinonga & Irondu (D.I), notamment par la suppression de la navigation de nuit par surfer.
Préfinancement par l’employeur des prestations sociales CNSS, ce jusqu’à rétablissement effectif desdites prestations.
Remise des médailles et Attestation du Travail aux employés concernés au plus tard fin Juin 2022.
Les grévistes concèdent un service minimum qui permettra de maintenir les activités à 40%.
« En cas de refus de l’employeur de permettre l’exécution du service minimum sur les sites pétroliers par la réduction de la production à 40% tel qu’indiqué supra, le personnel sur les sites se dirigera directement aux piquets de grève et y demeurera durant toute l’horaire de travail de jour comme de nuit, pendant toute la durée de la grève illimitée », se dédouanent les travailleurs.
La direction de l’entreprise n’a pas encore communiqué depuis cette montée au créneau des ouvriers. Le gouvernement également.