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Mémorandum sur la transparence électorale : Une initiative constructive
Publié le vendredi 3 juin 2022  |  Gabon Review
Mémorandum
© Autre presse par DR
Mémorandum sur la transparence électorale : Une initiative constructive
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En se fermant aux propositions de l’opposition, le gouvernement agirait comme un instrument au service d’intérêts particuliers. Eu égard à la portée du chantier, les dispositions légales ne sauraient servir de prétexte à l’immobilisme.

Sur ce coup, l’opposition se veut constructive. A travers un mémorandum, le Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), les Démocrates (LD), le Front démocratique et culturel (FDC), le Parti du réveil citoyen (PRC), le Rassemblement des patriotes républicains (RPR), le Rassemblement pour le Gabon (RPG), le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), l’Union démocratique et sociale (UDS), l’Union nationale (UN) et, l’Union pour la nouvelle République (UPNR) déclinent des propositions censées garantir des élections crédibles et apaisées. Sans s’arroger le droit de légiférer, ces partis s’attaquent à la question électorale. Sans dénier à la majorité une quelconque prérogative, ils veulent prendre leur part dans le chantier de la transparence électorale. Même si on peut subodorer une arrière-pensée politicienne, cette initiative ne manque ni de pertinence ni d’intérêt. En se fermant à elle, le gouvernement n’agirait pas comme une institution républicaine. Il se comporterait plutôt comme un instrument au service d’intérêts particuliers.

Une «démocratie meurtrière»

Certes, en année électorale, la loi proscrit les réaménagements et modifications en lien avec les élections. Mais, de notoriété publique, le système électoral reste à parfaire. Comme le dit Noël Bertrand Boundzanga, le Gabon est une «démocratie meurtrière.» Les élections s’y succèdent et s’y ressemblent. Entre manipulation des chiffres, prise en otage de la province du Haut-Ogooué, proclamation au cœur de la nuit, contestation populaire et répression sanglante, elles se soldent toujours de la pire des manières, faisant planer le spectre d’une rupture des liens sociaux et institutionnels. On l’a vécu en 2009, Port-Gentil ayant été le théâtre de violentes émeutes. On l’a de nouveau vécu en 2016, l’assaut contre le quartier général de Jean Ping et l’incendie de l’Assemblée nationale ayant été suivis de violences dans de nombreuses villes. Hormis en 2009, ces événements malheureux ont invariablement débouché sur des grands-messes politiques, ouvrant la voie à la compromission.

Certains appelleront à tourner cette sombre page. Affirmant leur foi dans le dispositif juridico-institutionnel actuel, ils demanderont de se préparer à aller aux élections. A ces adeptes de la politique de l’autruche, on rappellera cette maxime populaire : les mêmes causes produisent les mêmes effets. A ces promoteurs d’un optimisme béat, on rafraîchira la mémoire : faute d’avoir tiré les enseignements et conséquences de la présidentielle de 2009, celle de 2016 fut infiniment plus heurtée. Faut-il continuer dans cette escalade meurtrière ? Faut-il se contenter des réformes consécutives au Dialogue national d’Angondjé ? Au terme des élections couplées d’octobre 2018, la Mission d’observation électorale de l’Union africaine (MOE-UA) avait jugé nécessaire de procéder à «quelques ajustements» pour rendre l’administration électorale «plus performante.» A la fois prudente et évasive, elle avait exhorté le gouvernement à «poursuivre les efforts en faveur de la réconciliation de toutes les filles et de tous les fils du Gabon.»

Des garanties de non-répétition

En évoquant l’impératif de réconciliation nationale, la MOE-UA avait implicitement plaidé pour des garanties de non-répétition. Autrement dit, elle avait appelé à la réforme des institutions coupables de dénis de droit ou de manquement à leurs missions. A minima, cela suppose de «tenir compte des évolutions démographiques dans (…) (le) découpage électoral», faciliter un «encadrement juridique de l’observation nationale des élections», se conformer aux «instruments internationaux qui promeuvent l’organisation des élections démocratiques», amoindrir les «pesanteurs dues à (l’utilisation des bulletins multiples)», prévenir les «chevauchements» entre le ministère de l’Intérieur et le Centre gabonais des élections (CGE), améliorer le mécanisme de distribution des cartes d’électeurs… Eu égard à l’ampleur et à la portée du chantier, les dispositions légales ne sauraient servir de prétexte à l’immobilisme. Après tout, la loi découle de la volonté politique.

Quand il y a trouvé un intérêt, le gouvernement a initié des réformes. Souvent au pas de charge. Parfois aux forceps. Il en a été ainsi pour les droits de la femme ou la question homosexuelle. Pourquoi ne ferait-il pas montre du même volontarisme à propos du système électoral ? Pour se conformer à la loi ou pour ne pas prêter le flanc aux critiques ? Une fois n’est pas coutume, nul ne lui ferait grief. Bien au contraire. Au regard de la mobilisation des principales forces de l’opposition, on pourrait même lui en savoir gré. Faute de le comprendre, l’exécutif pourrait s’engager dans des chemins sans issue, au risque de retomber dans les errements de 2016 voire pire. Une refonte complète du système électoral ? Dans la perspective des élections de 2023, elle est dans l’intérêt de tous. Et d’abord dans celui du Gabon et de son peuple.
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