S’il est difficile de fournir les données exactes de la situation économique de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), les premiers résultats de l’étude actuarielle initiée par le cabinet Finactu donnent une idée de la décrépitude financière de cette caisse de prestation sociale.
Plombée par des tensions financières, la Caisse nationale de sécurité sociale fait face à de nombreuses difficultés qui l’ont amené à faire appel au cabinet d’étude actuarielle Finactu qui a proposé des solutions viable, sur la bases des risques auxquels elle fait face. A la faveur de la visite du ministre de la Santé et des Affaires sociales au siège de la CNSS, le 22 mars, Finactu a livré les grandes lignes des résultats de l’audit réalisé sur la caisse.
Selon Finactu, la CNSS fait face à une situation de crise structurelle et non conjoncturelle qui pourrait s’améliorer. Celle-ci est caractérisée par la structure élevée du nombre de retraités ; une conjoncture économique défavorable ; un régime structurellement mal paramétré ; une masse salariale beaucoup trop importante qui absorbe une quantité phénoménale des cotisations, et une fraude interne qui aggrave encore plus ce phénomène. « Il s’agit d’une CNSS qui se trouve dans une situation catastrophique avec des cotisations au même niveau que les prestations avec un solde technique quasiment nul. Cette situation de déficit de la CNSS provient à la fois des aspects techniques et managériaux. La caisse est dans cette situation à l’issue d’un long processus de dégradation et de déliquescence qui a débuté, il y a une quinzaine d’années, et elle se trouve aujourd’hui à bout de ce processus », a indiqué le président fondateur de Finactu, Denis Chemillier-Gendreau.
Face à cette situation qui mériterait des réponses structurelles, Finactu propose des solutions à court, moyen et long-terme pour le paiement des prestations et des salaires des employés, mais également pour la gouvernance de l’institution. Il s’agit, à court terme, de la mobilisation des créances de la CNSS sur l’État à travers un financement par les banques à hauteur de 70 à 80 milliards de francs CFA, le gel de recrutement, l’organisation d’un audit de toutes les prestations pour mettre un terme à la fraude. A moyen terme (2023-2024), le top management de la CNSS est invité à engager une réduction des effectifs par le financement d’un plan de départ volontaire pour réduire l’effectif de 30% ; engagé sur la fin de l’année 2023 une réforme paramétrique des régimes pour assurer la solvabilité à moyen et à long terme de l’entreprise. A long-terme, il s’agira de moderniser la gouvernance de la CNSS, de stabiliser sa direction, créer une retraite complémentaire par capitalisation et étendre la couverture sociale aux travailleurs non-salariés.