Et si sa défaite en trompe l’œil lors du vote pour la présidence de l’UN lors d’un congrès en novembre dernier aurait eu sur lui un effet positif ? Peu à peu, Paul-Marie Gondjout s’impose comme le véritable leader d’un parti officiellement dirigé par Paulette Missambo qui peine à exister.
Lors d’un meeting à Lambaréné le week-end dernier, Paul Marie Gondjout a expliqué aux militants sa vision du parti, comme s’il en était à la tête. « Paul » a en particulier soutenu son idée de tendances, de courants au sein de l’UN. Idée qu’il avait déjà exprimée lors d’une réunion à Oyem le 26 février dernier.
Et ça n’est pas le recadrage du secrétaire général adjoint du parti chargé des élections, Sosthène Nguema Nguema, qui est susceptible de le réfréner. « Paul est un vrai leader. Il dit ce qu’il pense. Il ne se couche devant personne. Ces gens-là ne comptent pas. Ils ne sont pas de son niveau », tacle un de ses proches.
« Pour nous, le patron, c’est Paul-Marie Gondjout. L’élection de novembre dernier a été truqué. Une voix d’écart sur 642 votants, c’est du vol. Il aurait dû l’emporter et haut-la-main car il est le plus expérimenté, le plus charismatique et le plus proche des militants », s’enthousiasme Marcellin, retraité de la fonction publique.
A Lambaréné, Paul Marie Gondjout a expliqué aux militants sa conception de ce que devrait être le parti.« Nous sommes un. Cela ne veut pas dire que nous vivons dans la pensée unique. Cela veut dire que même dans la même maison, chacun peut avoir sa manière de dire les choses et sa manière de penser » , a-t-il lancé sous un tonnerre d’applaudissements.
« Imposer l’idée de courants au sein du parti, c’est acter le fait que le parti est profondément divisé », explique un professeur en science politique de l’UOB. Divisé, le parti l’est comme l’a démontré le résultat du votre controversé pour la présidence du parti en novembre dernier. Paul-Marie Gondjout ne s’est incliné que d’une voix face à Paulette Missambo. Mais depuis, c’est lui qui mène la danse, multipliant les sorties et les déclarations, et allant à la rencontre des militants.
« Paul est chaleureux. Il va vers les gens. Paulette est plus réservée, plus froide, ce qui n’est pas un avantage en politique », explique un haut-responsable du parti. De plus, selon un autre cadre de l’UN, Paulette Missambo « serait l’otage d’un clan, une marionnette entre les mains de quelques-uns qui tirent les ficelles en coulisse ». Sans le dire, il vise en particulier Jean Gaspard Ntoutoume Ayi que certains qualifie d’ « âme damné » de Missambo.
Ces faiblesses et handicaps, Paul Marie Gondjout en a conscience. C’est pourquoi, loin de le décourager, sa « défaite » en novembre dernier a fait office d’électrochoc. « Il s’est réveillé et a décidé de prendre son destin en main », confie un intime. Paul Marie Gondjout a en effet décider d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Il en a les épaules. Et rien ni personne, surtout pas Paulette Missambo et son clan, ne semblent en mesure de l’en empêcher.