L’ancien patron des services de renseignements de la Garde Républicaine a été entendu le 12 mars dernier par un comité d’enquête au ministère de la Défense. À l’issue de quoi il a été proposé à la radiation de l’armée. Ali Bongo, son président de frère et chef suprême des armées, devra cependant entériner la décision. Entre abandon de poste en Afrique du Sud et rapprochement avec Omar Denis Junior Bongo que reproche-t-on à l’ancien membre du Triumvirat de 2018-2019 ?
On croyait, à l’issue du Conseil des ministres du 4 mars dernier que Frédéric Bongo Ondimba, «rappelé» au Gabon, était de nouveau dans les petits papiers d’Ali Bongo et qu’il allait réintégrer la présidence de la République gabonaise. Il n’en est rien. Selon nos confrères de Mondafrique, l’ex-attaché militaire à l’ambassade du Gabon en Afrique du Sud a été «radié des effectifs de la Garde Républicaine du Gabon le 12 mars 2022».
Membre du triumvirat pour la stabilité de l’Etat après l’AVC d’Ali Bongo
L’information a été confirmée par des sources militaires locales haut placées, confortant ainsi une rumeur en circulation ces derniers temps dans les salons feutrés de Libreville. Selon ces murmures, Ali Bongo est en colère contre son frère et ce dernier n’a été rappelé au Gabon que pour être définitivement écarté des affaires. Toujours selon Mondafrique, l’ancien patron des services de renseignements de la Garde Républicaine «faisait l’objet d’une enquête menée du ‘’conseil d’enquête de la Garde Républicaine’’ liée à l’abandon de son poste d’attaché militaire à l’ambassade du Gabon en Afrique du Sud.» Le verdict a donc été rendu.
Mais que peut-on donc reprocher à celui qui, au plus fort des incertitudes générées par les soucis de santé du président de la République, figurait aux côtés de Brice Laccruche Alihanga et de Marie-Madeleine Mborantsuo, dans le célèbre triumvirat mis en place en novembre 2018 pour assurer la stabilité de l’Etat ? Beaucoup de choses ont, entretemps, été dites sur les activités de Frédéric Bongo durant cette période. Entre autres, racket de certaines personnalités, trafic d’influence, réseautage international pour la prise du pouvoir…
Abandon de poste ou rapprochement avec Omar Denis Junior Bongo ?
Si nombreux pensent qu’il était le marionnettiste du pronunciamiento, le 7 janvier 2019, du lieutenant Kelly Ondo Obiang, l’apprenti-putschiste a cependant toujours soutenu que son initiative était personnelle. Il n’en reste pas moins que neuf mois après le putsch manqué, Frédéric Bongo était affecté en Afrique du Sud comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon. Un poste qu’il avait très vite abandonné.
Selon des sources familiales et de la présidence gabonaise, il est notamment reproché à Frédéric Bongo un rapprochement avec Omar Denis Junior Bongo. À ce fils d’Omar Bongo et petit-fils de Sassou-Nguesso on prête des velléités de prise de pouvoir au Gabon ou l’intention de s’y porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
L’essentiel de l’audition de Frédéric Bongo devant le conseil d’enquête du ministère de la Défense nationale aurait surtout porté sur son rapprochement avec le fils d’Omar Bongo branche congolaise. Mais selon les sources familiales et de la très haute administration plus haut citées, sa radiation définitive des effectifs de l’armée attend d’être entérinée par le chef suprême des armées, Ali Bongo himself. La descente au enfers de Frédéric Bongo va-t-elle commencer ?