La Journée internationale des langues maternelles a été célébrée au Gabon le 21 février, et le département des Sciences du langage de l’Université Omar Bongo (UOB) souhaite de les introduire dans le système éducatif au regard de la démission familiale.
Les langues maternelles du Gabon vont-elles disparaître ? S’il est difficile de répondre par l’affirmative, les linguistes gabonais s’inquiètent de leur délaissement au profit du français. «Les Gabonais ont honte de parler leurs langues maternelles pour des raisons diverses», a d’ailleurs reconnu Marie-France Andeme Allogo. Enseignante au département des Sciences du langage de l’Université Omar Bongo (UOB), elle célébrait avec ses pairs la Journée internationale des langues maternelles organisée par son département sous le thème « Introduction des langues maternelles dans le système éducatif gabonais pour un bilinguisme additif de l’apprenant gabonais ».
Si l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) qui a instauré cette journée estime qu’avec l’abandon des langues, ce sont des perspectives, des traditions, des mémoires collectives ainsi que des modes uniques de pensée et d’expression qui se perdent, les linguistes gabonais assurent qu’elles font la richesse de l’humanité. «La langue est une identité», a déclaré Marie-France Andeme Allogo évoquant le rôle de la cellule familiale dans l’apprentissage et la perpétuation des langues maternelles.
Quelle langue introduire ?
«Au niveau de la famille, nous sommes démissionnaires», a renchéri Jeannette Yolande Mbondzi, la directrice du département des Sciences du langage. «L’objectif de cette journée c’est d’interpeller les autorités publiques pour dire que si au niveau familial on n’y arrive plus, que l’État prenne le relais en insérant ces langues dans le système éducatif», a-t-elle expliqué. «A l’IPN nous sommes en train de réfléchir sur l’idée de pouvoir organiser des projets pédagogiques qui vont être greffés dans les programmes scolaires de chaque établissement», a à juste titre fait savoir Adrien Makaya, le directeur de l’Institut pédagogique national (IPN).
Alors que la question de la prise en compte de ces langues dans le système éducatif est diversement appréciée dans le pays, du fait d’un contexte multilingue avec à la clé un peu plus de 50 langues maternelles, Jeannette Yolande Mbondzi considère que «la question de quelle langue enseignée, ne se pose pas». «La langue s’impose d’elle-même. Au Congo ce n’est pas l’État qui a décrété un matin que lingala devienne la langue nationale. C’est une langue qui est née dans le milieu du commerce et comme les gens voulaient commercer, ils se sont mis à parler lingala», a-t-elle commenté. Pour les linguistes, le pays devrait mettre en place «une politique plus avantageuse» pour la promotion des langues maternelles. En quoi consisterait-elle ? La question reste entière.