Pour la production du pain, le gouvernement pense déjà à substituer la farine du blé, qui connait une hausse des prix et une pénurie depuis plusieurs mois, par celle d’autres féculents locaux. « Nous devons voir, comme dans d’autres pays, comment on arrive à fabriquer la baguette de pain à partir des produits locaux », a affirmé le ministre de l’Économie, Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou, au cours de la rencontre du 9 février 2022 avec les différents acteurs de la filière farine.
Il est question d’après le ministère de l’Économie de fabriquer la baguette de pain à partir de la farine de manioc, par exemple. La farine produite par ce tubercule, cultivée localement, de même que celle de patate douce, de banane plantain ou encore d’igname… constituent une alternative à la farine de blé. Elles peuvent la substituer partiellement ou totalement pour la confection de pains, des gâteaux, et autres biscuits.
À en croire un boulanger, plusieurs mesures sont nécessaires pour réussir cette substitution. Il faudrait notamment se rassurer que les farines fabriquées localement seront disponibles en quantité suffisante pour satisfaire la demande. Il faudrait aussi, selon Bonaventure Bassama, agriculteur, que le Gabon dispose d’une unité industrielle de production de farines locales de haute qualité.
La production de baquettes de pain à base des farines locales permettra de réduire la dépendance du Gabon vers l’extérieur et améliorer les revenus des acteurs des chaînes de valeurs du manioc. Ce tubercule est déjà consommé par plus de 80% de la population, selon directeur pays du programme de recherche Wave (West and central African virus epidemiology), le Pr Jean François Mavoungou.
Dans des pays comme le Cameroun, le Niger ou encore la Côte d’Ivoire, les farines locales ont déjà été expérimentées dans la fabrication du pain. Dans le cas du Niger, par exemple, des boulangers ont expérimenté la fabrication du « pain composé » à base de blé et de farines locales (niébé, mil, sorgho). En Côte d’Ivoire, le pain composé avec 85% de farine de blé et 15% de farine de maïs ou de manioc est commercialisé. Au Cameroun également de jeunes entrepreneurs ont expérimenté la fabrication du pain à base du plantain, du manioc ou encore de la patate douce. Cependant, ces pains demeurent peu vulgarisés auprès des consommateurs.