Dans le sillage de la crise politique au Mali, les chefs d’Etat membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étaient réunis en sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, dimanche 9 janvier dernier. L’Organisation régionale, soutenue par la France, a entériné des sanctions fortes contre la junte au Mali. Alors que la Chine et la Russie s’y sont opposées, le Gabon qui vient d’intégrer le Conseil de sécurité de l’ONU, a pris fait et cause en s’alignant derrière la CEDEAO.
Les sanctions décidées par la CEDEAO à l’encontre du Mali divisent le Conseil de sécurité de l’ONU. Les pays membres de l’Organisation africaine régionale et la France auraient souhaité rassembler le Conseil pour qu’il adopte une position unie à l’égard de la junte au Mali qui a annoncé le report des élections présidentielles promises pour février 2022.
Dans une déclaration lue au nom des trois membres africains du Conseil, les A3 (Ghana, Kenya, Gabon), l’ambassadeur du Kenya, Martin Kimani, a défendu les sanctions de la CEDEAO qui visent à faire « accélérer la transition » au Mali et à revenir à un ordre constitutionnel et civil. L’ambassadeur du Gabon, qui s’est exprimé longuement au nom des A3, a quant à lui appelé l’ensemble de la communauté internationale à soutenir la position de la CEDEAO, à « protester contre une transition prévue pour durer maintenant cinq années », et de retravailler à un meilleur soutien logistique de la force G5 Sahel.
De leur côté, la Russie et la Chine ont plaidé pour la non-ingérence au Mali et n’ont pas suivi les recommandations des A3. La Russie et la Chine ont, à cet effet, bloqué ce mardi 11 janvier 2022, l’adoption d’un texte du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant les sanctions décidées par la CEDEAO contre la junte au Mali. S’agissant des sanctions, la CEDEAO a ainsi décidé de geler les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), de couper les aides financières, de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l’organisation, mais aussi de suspendre les transactions avec Bamako, à l’exception des produits médicaux et de première nécessité, les produits pétroliers et l’électricité.
On compte également le gel des actifs et des avoirs de la République du Mali dans toutes les banques centrales des pays membres de la CEDEAO, du gel des avoirs du gouvernement et des entreprises d’État malien dans toutes les banques commerciales de la CEDEAO. Selon RFI, la CEDEAO a par ailleurs décidé du retrait des ambassadeurs de tous les pays membres au Mali.