Lors de son discours à la Nation du 31 décembre 2021, le président Ali Bongo s’est plutôt montré agressif à l’endroit des acteurs qui animent le front social au Gabon en les traitant d’irresponsables. Alors que la grogne continue de se faire entendre, beaucoup ont dénoncé une attitude va-t-en-guerre de l’exécutif gabonais en estimant que la sortie du chef de l’Etat ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Pourtant, plusieurs acteurs qui animent le front social ont sollicité son intervention pour sortir de l’impasse.
«2022 s’annonce fort !», a ironisé un internaute sur la toile, après le discours à la Nation du président Ali Bongo le 31 décembre. Entre levée de boucliers contre les mesures anti-Covid et fonctionnaires en grève pour revendiquer la régularisation de leurs situations administratives, le président gabonais s’est présenté comme un homme d’Etat responsable mais visiblement incompris par une partie de la population. «Ce sens de la responsabilité n’est pas toujours partagé par tous» a déclaré Ali Bongo, conscient que les mesures passent mal. S’il a particulièrement invité les populations à se conformer aux mesures anti-Covid, il s’est plutôt montré intraitable contre ceux qui animent le front social.
«En cette période difficile, où nous devrions toutes et tous, faire preuve de solidarité, certains ont cru bon de déclencher des mouvements de grève», a lâché Ali Bongo en indexant clairement l’Éducation nationale. Dans ce secteur depuis le début de l’année, plusieurs enseignants en grève revendiquent l’amélioration de leurs conditions de travail et la régularisation de leurs situations administratives.
Alors qu’ils dénoncent la sourde oreille du gouvernement, le chef de l’Etat a enfoncé le clou en les traitant presque de terroristes, les accusant de «prendre en otage les enfants de ce pays». Et ce, a dit Ali Bongo, au mépris de leur cahier des charges pourtant sur la table du ministre de l’Education nationale, «au nom de je ne sais quel intérêt». «C’est véritablement irresponsable et condamnable», a poursuivi Ali Bongo s’en prenant par la suite, aux régies financières.
Le Gabon en manque de liquidités ?
«Elles aussi, se sont mises en grève. Une fois de plus, quand bien même, certaines de leurs revendications ont été satisfaites» a-t-il déclaré, soulevant les conséquences pour l’économie gabonaise déjà impactée par la crise sanitaire. Entre autres, a-t-il évoqué, des pertes financières et de graves perturbations dans le fonctionnement de l’Etat. «Il devient plus difficile d’assurer les salaires de nos médecins ou de nos enseignants, de régler les pensions de nos retraités, de financer les médicaments pour les Gabonais économiquement faibles», a avoué le président gabonais évoquant la situation financière de son pays dont il promet par ailleurs d’accélérer la transformation d’ici 2023.
Ali Bongo a estimé que «ce sont les fonctionnaires qui sont au service de l’Etat et non l’Etat qui est au service des fonctionnaires». «J’ose le dire : c’est déplorable et irresponsable» a-t-il insisté, laissant entendre que par leurs grèves, les fonctionnaires pourraient «déstabiliser notre pays». «C’est jouer contre son camp, contre son peuple» a déclaré Ali Bongo, au regret d’une partie de l’opinion qui a jugé son propos inopportun et souligné son incapacité «à apporter des réponses concrètes aux problèmes légitimes des Gabonais».